lundi 10 août 2015

Livres sur l'école d'aujourd'hui ou d'hier

Cette liste a été commencée par Paratge sur Neoprofs.

L’enseignement de l’ignorance et ses conditions modernes
Jean-Claude Michéa
• Climats
• Paru le : 03/03/2006
En dépit des efforts de la propagande officielle, il est devenu difficile, aujourd’hui, de continuer à dissimuler le déclin continu de l’intelligence critique et du sens de la langue auquel ont conduit les réformes scolaires imposées, depuis trente ans, par la classe dominante et ses experts en « sciences de l’éducation ». Le grand public est cependant tenté de voir dans ce déclin un simple échec des réformes mises en œuvre. L’idée lui vient encore assez peu que la production de ces effets est devenue progressivement la fonction première des réformes et que celles-ci sont donc en passe d’atteindre leur objectif véritable: la formation des individus qui, à un titre ou à un autre, devront être engagés dans la grande guerre économique mondiale du XXIe siècle. Cette hypothèse, que certains trouveront invraisemblable, conduit à poser deux questions. Quelle étrange logique pousse les sociétés modernes, à partir d’un certain seuil de leur développement, à détruire les acquis les plus émancipateurs de la modernité elle-même ? Quel mystérieux hasard à répétition fait que ce sont toujours les révolutions culturelles accomplies par la Gauche qui permettent au capitalisme moderne d’opérer ses plus grands bonds en avant ?

De l'école
Jean-Claude Milner (1e édition : 1984)
Réédition Verdier 2009

Si on vous demandait de choisir un livre sur l'école à emporter sur une île déserte ? Vous choisiriez sans doute de partir le cartable vide. Et vous auriez tort. L'ouvrage de Jean-Claude Milner est la somme qu'il faut avoir lue pour saisir les tenants et les aboutissants de la querelle scolaire et l'origine idéologique des réformes en cours depuis les années cinquante.

Si vous n'êtes ni professeur, ni étudiant, ni parent d'élèves, ni grands-parents d'élèves, ce livre vous passionnera tout de même. Avec une précision quasi chirurgicale, l'auteur nous explique pourquoi on ne peut moderniser l'école. Et si les hommes politiques, ayant tendance à prendre les élèves pour des citoyens et à traiter les citoyens comme des élèves, avaient fini par confondre éduquer et gouverner ? Et si leur rêve secret, de quelque bord qu'ils soient, était de devenir un jour pédagogues ? Mais quelle mouche les a piqués de vouloir changer l'école, après avoir renoncé à changer la société ?

"Sait-on que l'école en France assure une fonction décisive ? Par elle, la démocratie formelle a pu s'établir dans ce pays où, pourtant, le protestantisme n'avait pas triomphé. Exemple longtemps unique et paradoxe historique dont, encore aujourd'hui, on n'a pas épuisé les effets. Affaiblir l'école, calomnier les savoirs, c'est déséquilibrer une machine délicate, aussi délicate à vrai dire que peut l'être toute liberté individuelle. Voilà pourtant ce à quoi se dévoue, avec un acharnement inlassable et un aveuglement opiniâtre, une alliance secrète et imbécile. " Ainsi m'exprimais-je en 1984, en présentant le livre qui reparaît aujourd'hui. Un quart de siècle a passé et pourtant, je n'ai rien modifié. C'était inutile. Après examen de ce qui a été dit et fait en matière d'école et de savoirs, j'ai conclu que je n'avais été démenti sur rien d'essentiel. Ou plutôt, j'avais été confirmé sur tout l'essentiel." J.-C. M.

La destruction de l'enseignement élémentaire et ses penseurs 
Liliane Lurçat

L'école et son double
Nathalie Bulle

Dyslexie, une vraie-fausse épidémie
Colette Ouzilou
Presses de la Renaissance 2001

Depuis une vingtaine d'années surtout, l'orthophoniste se heurte à des pratiques pédagogiques malencontreuses qu'il est amené à redresser. Le lecteur trouve ici les conclusions d'une orthophoniste qui exerce depuis près de trente ans dans des CMPP (centres mécico-psycho-pédagogiques) et en cabinet libéral, et qui a travaillé avec plusieurs générations d'enfants. Son expérience lui a permis de dégager des causes majeures d'échec et de trouver des voies thérapeutiques efficaces qui s'imposent dans la prévention de l'échec scolaire le plus banal et le plus grave, celui de la lecture. L'auteur propose ici de suivre un parcours cohérent et logique, une pédagogie avec des étapes rigoureuses, stables, sécurisantes pour le maître comme pour l'élève, qui redonne à ce dernier le goût de l'effort par la découverte active. Cet ouvrage pédagogique propose un cheminement simple à l'apprentissage de la lecture et de l'écriture. Il s'adresse à tous les parents et enseignants qui veulent lutter contre l'échec scolaire dès les premières années de CP et qui veulent réapprendre aux enfants à apprendre.

Colette Ouzilou est orthophoniste depuis 1973. Elle a travaillé en cabinet libéral et dans plusieurs centres médico-psycho-pédagogiques, notamment au centre Bourgain (Issy-les-Moulineaux), en collaboration avec des médecins psychiatres et psychanalystes, et à celui d'Athis-Mons sous la direction du Dr Tony Lainé.

LA PÉDAGOGIE DU VIDE. Critique du discours pédagogique contemporain
Michel Le Du, Hervé Boillot
• PUF
• Paru le : 01/11/1993
Au centre de nombreuses discussions, la pédagogie s’est vue attribuer des significations très différentes, voire contradictoires. Surtout, le terme a cessé peu à peu de désigner un ensemble de moyens au service d’une tâche déterminée pour couvrir de proche en proche tout élément des pratiques d’enseignement, au point même d’en infléchir les finalités. Une des raisons de ce glissement, qui n’est pas sans risque pour l’École, est que la psychologie apparaît depuis longtemps déjà comme le cadre naturel de toute pédagogie possible. Pourtant, celle-ci n’en est souvent que la réécriture éclectique. Ce livre examine également la dérive techniciste de conceptions éducatives : celle-ci consiste en un méthodologisme formel qui, sous couvert de rationaliser les pratiques, les assimile à des procédures techniques extérieures à tout contenu. Les enseignants se voient assigner un nouveau rôle : celui de pourvoir les élèves d’un outillage de méthodes comprises elles-mêmes comme de simples moyens d’adaptation. Cette injonction d’adaptation est le biais par lequel la représentation des tâches d’enseignement et les valeurs qui leur sont attachées se sont trouvées investies par les modèles issus de la formation d’adultes. Dans cette perspective, les efforts récents pour doter les maîtres d’une nouvelle identité professionnelle, celle d’enseignant-formateur, apparaissent comme la traduction institutionnelle mal engagée de ces conceptions.

Une école contre l’autre
Denis Kambouchner
• PUF
• Paru le : 19/09/2000
La crise de l’école qui perdure en France n’est pas simplement de structures, de moyens ou de société : c’est aussi une crise de doctrine. Comme la persistance du conflit entre " pédagogues " et " républicains ". La faillite des réformes successives est liée à cette crise intellectuelle, dont il est urgent de chercher à sortir. Que veut donc dire aujourd’hui " enseigner " ? Que faut-il attendre des élèves ? Quelle culture doit-on leur offrir ? Ces questions appellent une reprise philosophique en vue de laquelle il sera utile de discuter les ouvrages du principal représentant français de la réforme pédagogique, Philippe Meirieu. Menée avec rigueur, cette discussion devrait dégager les principes d’une rénovation enfin réfléchie.

L'École, question philosophique 
Denis Kambouchner
(Paris : Fayard, 2013) Ce live fond en un volume toute une série d'interventions publiées ou inédites de la dernière décennie, parfois assez actuelles ─ on a par exemple une lecture critique détaillée du Socle.
C'est du Kambouchner : une préoccupation constante pour l'exactitude, un effort considérable de modération, et une non négligeable subtilité. La lecture, du coup, se transforme parfois quelque peu en travail, mais quoi de plus normal sur ce genre de questions ?

On trouve en ligne ceci : http://www.meirieu.com/POLEMIQUES/MEIRIEUKAMBOUCHNER.pdf

LA GESTION DES STOCKS LYCÉENS. Idéologies, pratiques scolaires et interdit de penser
Gilbert Molinier
• L’Harmattan
• Paru le : 01/09/1999
L’École gère les flux d’élèves comme on gère des stocks de marchandises. Une sorte d’impérialisme pédagogique, soutenue par une psychologie animalière, tient lieu de clef universelle. L’enseignement est déboulonné : l’animation remplace l’instruction, la pédagogie les savoirs, les modules les disciplines, les contrôles les exercices les évaluations de compétence, les examens ; les objectifs, les finalités de l’enseignement... La logique des places structurant toute institution est bousculée.
Des gestionnaires qui se prennent pour des chefs d’entreprise experts en pédagogie, des syndicalistes pour des gestionnaires, des parents pour des superprofs, des profs pour des parents aimants et des élèves pour des enfants en mal d’amour... créent une société incestueuse où règne la loi du poulailler. Ainsi, les jeunes générations sont-elles déboussolées et prêtes à devenir la main-d’œuvre flexible des entreprises à l’âge de la mondialisation et les soldats des guerres à venir.
Cette gestion se solde par des dégâts psychiques considérables. L’entreprise actuelle, dite de rénovation pédagogique, détruit l’intelligence et l’imaginaire en gestation des jeunes en produisant chez eux un interdit de penser. C’est ce dont l’auteur, Gilbert Molinier, professeur de philosophie en classe terminale, témoigne dans cet essai, réflexion critique conduite de l’intérieur de l’Ecole à partir d’une expérience réelle.

Petit vocabulaire de la déroute scolaire
Daniel Tual-Loizeau, Guy Morel
• Ramsay
• Paru le : 01/09/2000
Vous êtes professeur. Vous devez renoncer à noter pour évaluer. Ne soyez plus un maître mais un médiateur. Voyez dans vos élèves des apprenants, ne leur dispensez plus un cours, mettez-les en autodidaxie. Vous êtes élève. Laissez tomber les connaissances au profit des compétences. Vous êtes parent, vous vous sentez exclu, illettré, incapable d’expliquer à votre enfant cette nouvelle langue. Pédagogie de contrat ou du détour, transversalité, enseignement modulaire, référentiels, groupe de besoins, tutorat : voilà un lexique qui ne vous fait pas rire ! Ce nouveau jargon, obligeant profs et élèves à un bricolage permanent, a bouleversé tous les repères et les pratiques pédagogiques. Pire, il semble qu’il a suscité, au lieu de la démocratisation souhaitée, une régression éducative généralisée. Et si ces excès conceptuels avaient pour seul enjeu le contrôle des conduites enseignantes et du système scolaire dans son entier ? Et pour premier résultat la déroute actuelle de l’instruction publique ? Il ne s’agit pas ici seulement d’un exercice de style drôle et talentueux. Un univers absurde, que l’on croirait emprunté à Kafka, se dessine: voici l’école telle que nous l’ont réinventée les réformateurs impénitents et les experts à leur service. La leçon se dégage presque toute seule, évidente, criante, à entendre absolument.

L’HORREUR PÉDAGOGIQUE. Paroles de profs et vérité des copies
Daniel Tual-Loizeau, Guy Morel
• Ramsay
• Paru le : 10/09/1999
Deux professeurs s’insurgent : 80 % de reçus au baccalauréat, une duperie organisée ! Le lycée et le collège, en dehors de quelques établissements privilégiés, ne parviennent plus, affirment-ils, à transmettre les savoirs fondamentaux. Et ils en produisent des preuves irréfutables : les copies des élèves, sorties pour la première fois du « confessionnal scolaire ». Ces copies, y compris celles du bac, des reçus comme des recalés, sont consternantes. Langage défectueux, incohérent, voire incompréhensible, absence de repères chronologiques et culturels, défiguration des structures logiques, mémoire en friche... Comment en est-on arrivé à un tel désastre ? Les auteurs, enfreignant les tabous habituels, ont enquêté auprès de leurs collègues et des instances de l’Education nationale. Service d’évaluation du Ministère, directives des inspections, conception des programmes et des manuels scolaires, fonctionnement de l’orientation et des conseils de classe, instructions aux jurys d’examen sont ici vus de l’intérieur. L’institution met en avant des analyses ou des remèdes qui paraissent autant de subterfuges pour masquer une impuissance généralisée. Deux hommes de terrain, qui veulent encore y croire, en appellent au bon sens. Oui, il est possible d’enseigner au plus grand nombre. Mais à certaines conditions...

L’ogre pédagogique - Les coupeurs de tête de l’enseignement
Henri Gunsberg
• L’Harmattan
• Paru le : 25/05/2005
La dégradation de l’enseignement s’explique par la mise en œuvre d’une idéologie très particulière. Curieusement, celle-ci réunit de nombreux « penseurs » de Droite comme de Gauche. Leur but ? L’identité la plus grande possible entre les citoyens. Pour les uns, on créera des consommateurs/producteurs parfaits ; pour les autres, l’égalité. À tout prix, il faut éviter de transmettre la culture, qui crée des différences entre les êtres humains. Tous pareils ! Tous ignares ! C’est là le nouveau slogan, la nouvelle idéologie.

L’école désœuvrée. La nouvelle querelle scolaire
Jean-Baptiste Rauzy, Laurent Jaffro
• Flammarion
• Paru le : 01/09/2000
Depuis les années soixante-dix, la politique scolaire tend à privilégier le point de vue des experts en pédagogie. On néglige les savoirs élémentaires, on se méfie des professeurs, on entend faire de l’école un « lieu de vie », on dénonce le conservatisme des Anciens qui voudraient barrer la route aux Modernes en défendant une école du passé. Et si l’opposition entre conservatisme et modernisme n’était qu’une habile façon de masquer les véritables enjeux de la politique scolaire ? L’école a pour vocation de transmettre les savoirs et les œuvres. En renonçant à cette exigence, l’idéologie qui a cours aujourd’hui mesure-t-elle vraiment les risques qu’elle fait peser sur l’école de demain ? Plutôt que d’encourager cette fuite en avant, une politique d’éducation raisonnable doit retrouver les équilibres fondamentaux dont l’école a besoin.



À l’école des compétences. De l’éducation à la fabrique de l’élève performant
Angélique del Rey
La Découverte, 2010

Professeur de philosophie, l’auteur de ce livre a été confrontée comme nombre d’enseignants à une forte incitation émanant de l’Éducation nationale : celle d’évaluer systématiquement les « compétences acquises » par les élèves, sur des critères préétablis. Frappée par l’utilitarisme de cette méthode, elle a voulu en savoir plus sur son origine. À sa grande surprise, elle a découvert l’omniprésence de l’« approche par compétences » dans l’éducation : depuis les années 1980, celle-ci est de plus en plus utilisée, dans les pays du Nord comme du Sud, de la maternelle à l’université, pour l’évaluation personnelle des élèves comme pour celle des systèmes éducatifs nationaux. Ce qui l’a amenée à explorer un univers méconnu : celui du « marché des compétences », fondé sur la théorie du « capital humain », promue par des institutions internationales comme l’OCDE et l’Unesco.
Ce livre restitue l’enquête conduisant à ces découvertes, la prolongeant par un double questionnement. Si l’approche par « compétences » progresse dans les systèmes éducatifs grâce à l’ignorance de ce qu’elle recouvre, les enseignants n’en sont-ils pas les instruments inconscients ? Mais comment s’opposer à une approche qui se place au service de l’individu et de son « employabilité », même si c’est ainsi qu’elle opère la transformation de l’Éducation nationale en « fabrique de ressources humaines » ? S’appuyant sur l’analyse de pratiques concrètes d’enseignement, Angélique del Rey explore les voies d’une « autre école » qui, plutôt que d’armer les élèves pour une « vie moderne » standardisée, assume les défis de la situation.
Elle plaide pour qu’enseignants et parents encouragent, par leur éducation, les jeunes à « suivre leur chemin », quitte à les mettre en conflit avec les principes utilitaristes qui prévalent. C’est le prix pour que ceux-ci sachent demain s’épanouir dans le monde et le transformer.

L'enseignement mis à mort
Adrien Barrot
J'ai lu
2000

"On n'a pas idée de ce que peut être aujourd'hui la sidérante solitude des professeurs. Cette solitude n'a rien à voir avec celle qu'il appartient à l'institution de leur ménager et de leur garantir dans la pratique même de leur enseignement, afin d'en soutenir l'indépendance. Non, il s'agit là d'une chose d'un tout autre ordre, d'un abandon dont les professeurs eux-mêmes n'osent pas sonder les abîmes. " Pourquoi l'enseignement est-il aujourd'hui privé de sa substance ? Pourquoi serait-il interdit de transmettre des connaissances ? Pourquoi est-il tout simplement devenu impossible de conduire ceux qui sont sur les bancs de l'école à penser par eux-mêmes ? Telles sont les questions que pose, avec perplexité, avec lucidité, avec amertume, Adrien Barrot. Ce plaidoyer, écrit dans l'urgence, dit le quotidien d'un métier bafoué et, surtout, appelle à un sursaut immédiat : parce qu'il faut que l'école existe, que les professeurs puissent redevenir des professeurs, et les élèves des élèves.

Vers une école totalitaire (1998)
 Liliane Lurçat

Blog de Jean-Rémi Girard

Blog de Jean-Paul Brighelli

Blog de Pedro Cordoba
"Je trouve ce dernier particulièrement intéressant : il permet de ne plus se laisser intimider par les arguments d'autorité des experts de l'EN." (Schéhérazade)

Blog de Catherine Kintzler

Illilois Loop
Un excellent site américain qui dénonce les pédagoleries yankees (et elles sont nombreuses) qui ont été tout bonnement copiées-collées par les granpédagogues français : http://www.illinoisloop.org/
Grosse bibliographie.

Ed excellence
Un institut qui analyse les réformes américaines :

Core Knowledge (E. D. Hirsch Jr)
E. D. Hirsch Jr, homme de gauche qui rejette la prétendue pédagogie progressiste, voir ses ouvrages
The Knowledge deficit (2006)
The Schools We Need And Why We Don't Have Them
et le site de son projet la Core Knowledge Foundation :
http://www.coreknowledge.org/

The Schools We Need: And Why We Don’t Have Them 
E.D. Hirsch Jr.

Now in paperback with a new introduction, The Schools We Need offers a powerful, compelling, and unassailable argument for reforming America’s schooling methods and ideas--by one of America’s most important educators, and author of the bestselling Cultural Literacy.

For over fifty years, American schools have operated under the assumption that challenging children academically is unnatural for them, that teachers do not need to know the subjects they teach, that the learning "process" should be emphasized over the facts taught. All of this is tragically wrong.

Renowned educator and author E. D. Hirsch, Jr., argues that, by disdaining content-based curricula while favoring abstract–and discredited–theories of how a child learns, the ideas uniformly taught by our schools have done terrible harm to America’s students. Instead of preparing our children for the highly competitive, information-based economy in which we now live, our schools’ practices have severely curtailed their ability, and desire, to learn.

With an introduction that surveys developments in education since the hardcover edition was published, The Schools We Need is a passionate and thoughtful book that will appeal to the millions of people who can’t understand why America’s schools aren’t educating our children.

The Knowledge Deficit 
E. D. Hirsch (Professor of English)

E. D. Hirsch, Jr., author of the best-selling Cultural Literacy and our most insightful thinker on what schools teach, offers an urgent solution to the shocking national decline in children’s reading ability.
How can it be, Hirsch asks, that American students score so low among developed nations in international comparisons -- and that they perform worse the longer they stay in school?

Drawing on arresting classroom scenes, the history of ideas, and current understanding of the patterns of intellectual growth, Hirsch builds the powerful case that, while our schools excel at teaching the mechanics of reading, they fail virtually all American children -- poor and middle class, in public and private schools -- because of their inability to convey the more complex and essential skills of reading comprehension. Hirsch brilliantly reasons that literacy depends less on the formalistic reading "skills" taught in virtually every school across America and more on exposure to content-rich, appealing books.

His argument is compelling, for it - gives parents specific tools for enhancing their child’s ability to read with comprehension; - shows how No Child Left Behind and SATs measure reading comprehension -- a knowledge-based skill not successfully taught in our schools; - tackles the weaknesses of specific state-by-state curricula - explains in detail how American schools can serve as the strongest possible antidote to poverty and to our frustrating race-based achievement gap.

A road map for all thinking parents, teachers, and citizens, The Knowledge Deficit shows exactly how we can convert all American schools into places where the skill of reading comprehension is effectively imparted -- and why this goal is ever more essential to the democratic ideal.
The Academic Achievement Challenge: What Really Works in the Classroom 
(Le défi de la réussite scolaire : ce qui marche vraiment dans la classe), Jeanne S. Chall.

Ce livre aborde une des questions centrales de l’enseignement : la meilleure façon d’instruire nos élèves. Écrit par la regrettée Jeanne S. Chall, professeur de sciences de l’éducation à l’Université Harvard et figure de proue de l’enseignement américain,  le livre critique et évalue les nombreuses réformes et innovations pédagogiques qui ont été proposées et utilisées au cours du siècle dernier. Analysant systématiquement un vaste corpus de recherche qualitative et quantitative, Chall compare les taux de réussite qui en résultent, les approches centrées sur l’enseignant traditionnelles avec les résultats de méthodes progressistes centrées sur l’élève. Ses conclusions sont frappantes et claires : les approches centrées sur l’enseignant se traduisent par un rendement plus élevé dans l’ensemble, avec des bénéfices particuliers pour les enfants de statut socio-économique plus faible et pour ceux qui ont des difficultés d’apprentissage. Offrant des recommandations convaincantes pour la pratique, le livre forme un dossier solide pour fonder sur une base empirique ferme de futures réformes et innovations pédagogiques.

Jeanne Chall
Enseignante, chercheur, et écrivain de premier ordre dans le domaine de la lecture, Jeanne Chall a émis des opinions sur l’importance d’un enseignement systématique de la lecture directe, qui ont été méprisées dans les années 1980, mais justifiées à la fin des années 1990. Elle s’est profondément engagée comme enseignante : sur l’importance de faire réussir la lecture des enfants, et la nécessité de traiter les lecteurs défaillants ; à montrer la puissance de la recherche pour répondre aux questions pratiques ; à montrer le mérite de comprendre le contexte historique des questions de recherche.

Née en Pologne, elle a émigré petite fille à New-York avec sa famille. Elle a obtenu son baccalauréat à l’Université de New-York en 1941 avec les félicitations. Elle devient l’assistante de Irving Lorge, qui dirigeait la recherche en éducation au Teachers College, Columbia University. Elle a été ensuite l’assistante d’Edgar Dale au Bureau de Recherche en Education de l’Université d’Etat de l’Ohio, où elle a reçu un AM (Award of Merit) en 1947, et un doctorat en 1952. Son travail pour Dale sur la recherche existant au sujet de l’aptitude à lire la conduisit à ses propres travaux : « Une Evaluation de la Recherche et de l’Application » (1958), où elle montre une pénétrante appréciation de la valeur de la synthèse historique.
La collaboration de Dale et Chall a culminé dans leur Formule Dale-Chall pour la Prédiction de l’Aptitude à Lire (Predicting Readability) , en 1948, qui combine la complexité du vocabulaire avec la longueur de la phrase pour évaluer l’aptitude à lire un texte. (Mise à jour de Chall en 1995).

Entre 1950 et 1965, Chall est passée de maître de conférences à professeur au City College. Pendant ces années, elle entretint une collaboration permanente avec Florence Roswell sur le diagnostic et le traitement des difficultés en lecture, ce qui la conduisit à se demander si certaines méthodes étaient supérieures à d’autres dans la prévention de l’échec en lecture.

En 1965, Chall déménagea à l’Université de Harvard pour créer et diriger des programmes d’études supérieures sur la lecture pour les candidats à la maîtrise et au doctorat. Elle-même excellente clinicienne, elle a fondé le Laboratoire de Lecture de Harvard en 1967 (qui a reçu son nom depuis), le dirigeant jusqu’à sa retraite en 1991. Elle a été membre de nombreuses sociétés savantes, comités de rédaction, comités d’élaboration des politiques, et des commissions de l’Etat et de commissions nationales. Elle a siégé au conseil d’administration de l’Association Internationale Pour La Lecture de 1961 à 1964, et à l’Académie Nationale de la Commission de l’Education pour la Lecture, ce qui a entraîné le rapport « Devenir une nation de Lecteurs ». Elle a reçu de nombreuses récompenses professionnelles, la dernière lui ayant été attribuée par l’International Dyslexia Association en 1996.

Chall s’est investie dans la pratique et dans la recherche, souvent les deux en même temps. Pendant plus de cinquante ans, elle a enseigné à des étudiants de tous âges, y compris ceux qui étaient en remédiation, et elle a été conseillère dans les écoles. Elle a été consultante pour les Encyclopédies pour enfants, pour un livre éducatif comique, des logitiels éducatifs, la télévision éducative, y compris les programmes d’alphabétisation des enfants : Sesame Street, La Compagnie d’Electricité, et Entre Les Lions.

La plus importante contribution professionnelle de Chall a été initiée par la fureur professionnelle de Rudolf Flesch dans son livre : « Pourquoi John ne peut pas lire, et ce que vous pouvez faire pour y remédier » (1955). Flesch y attaque la méthodologie qui prévaut de l’enseignement de la lecture visuelle, affirmant que les professionnels de la lecture avaient ignoré leurs propres recherches. Comme l’enseignement de la lecture à son début était à l’ordre du jour sur le plan national, la Carnegie Corporation a financé une étude que Chall a menée de 1962 à 1965. Elle passe en revue les recherches en cours, décrit les méthodes d’enseignement, a interviewé les principaux promoteurs de diverses méthodes, a analysé deux séries principales de lecture de la fin des années 1950 et du début des années 1960. Les résultats ont été publiés dans son Apprentissage de la Lecture, Le Grand Débat (1967).

Chall a identifié ce qu’elle appelle « la sagesse conventionnelle » de l’enseignement de la lecture : les enfants doivent donner du sens à ce qu’ils lisent dès le début, utiliser des indices pris dans le contexte ou l’image pour identifier les mots après avoir appris une cinquantaine de mots visuellement, enfin induire les correspondances lettre-son à partir de ces mots. Comme Flesch, elle a conclu que cette « sagesse conventionnelle » n’avait pas été soutenue par la recherche, qui avait trouvé l’enseignement phonétique supérieur à celui du mot entier, et la phonétique systématique supérieure à l’enseignement phonétique « intrinsèque »,(donc déductif ) Elle a également constaté que la lecture du débutant est de nature différente de celle du lecteur confirmé – conclusion qu’elle a réaffirmée dans « Etapes du Développement de la Lecture » (1983) : les enfants apprennent d’abord à lire, puis lisent pour apprendre. Elle a recommandé en 1967 que les éditeurs mettent l’accent sur le code dans les livres de lecture pour enfants, ce qui conduirait à de meilleurs résultats sans compromettre leur compréhension.

« L’Apprentissage de la Lecture » de Chall est rapidement devenu un classique. Les grands éditeurs de livres scolaires ont réagi en mettant l’accent plus tôt sur la phonétique dans leurs séries, même si aucun éditeur déjà engagé dans l’enseignement du mot entier ne passa à la phonétique systématique. Le livre de Chall a été mis à jour en 1983 (et 1996), avec des résultats de recherche encore plus solides pour étayer ses conclusions, mais aux environs de 1983, des manuels de toutes sortes furent attaqués par les partisans du mouvement « Whole Language » (langage seul),qui a condamné les manuels comme un « genre ».

L’étude de Chall et de ses co-auteurs de « Shood Textbooks Challenge Students ( les manuels seraient-ils un défi pour les étudiants ?) : La Condition pour des Manuels Plus Faciles ou Plus Difficiles » (1991) a rencontré une forte opposition . Cette étude explorait la relation entre la baisse de la difficulté des manuels scolaires entre 1945 et 1975 et la baisse des scores SAT.

L’étude de Chall avec des co-auteurs sur trente enfants défavorisés en milieu urbain : « La Crise de la Lecture, Pourquoi Les Enfants Pauvres Sont En Retard », ne fut pas non plus universellement bien accueillie. Les promoteurs du Whole Language l’accusèrent de s’appuyer sur des tests obsolètes ; les sciences sociales se plaignirent de ce qu’elle n’avait pas expliqué de manière adéquate ses techniques ethnographiques.

Chall a montré son respect pour l’enseignement de la lecture tel qu’il était autrefois en rééditant, en grande partie à l’intention de l’enseignement à domicile, des récits de livres scolaires des années 1880 à 2010, les titrant « Les Livres Scolaires Classiques Américains » (1994). Elle avait déjà donné sa propre collection de plus de 9.500 documents liés à la recherche sur la lecture et son enseignement, s’étendant sur plus de deux siècles, à la Bibliothèque de l’éducation Harvard Graduate School of Monroe C.Gutman.

La dernière œuvre de Chall, publiée à titre posthume, est « Le Défi Académique : Ce Qui Marche Réellement Dans La Salle De Classe » (2000). Dans ce document, elle fait la distinction entre les approches de « l’enfant au centre », et « l’enseignant au centre » de l’enseignement américain, suggérant que le XX ème siècle a été dominé par l’ancien (« approche de découverte »), en dépit de la recherche qui a soutenu la supériorité du plus récent (« enseignement explicite »). Auparavant, Helen Popp l’avait persuadée de collaborer à un manuel sur l’enseignement explicite pour les enseignants : « Enseignement et Evaluation Phonétiques » (1996). Le programme Phonétique Chall-Popp a été achevé après sa mort (2000).

Ecrit dans un climat où de nombreux membres de sa propre profession continuaient à dédaigner les explications sur le système d’écriture anglais, le manuel de 1996 reste valable en ce qui concerne le cœur d’ un grand nombre de ses préocupations : l’apprentissage de la lecture, particulièrement en ce qui concerne les enfants à risque, et un enseignement explicite validé par la recherche.

La nouvelle école capitaliste 
Christian Laval, Francis Vergne, Pierre Clément
La Découverte (10 août 2011)

Ce qui ressemble aujourd’hui à un sabotage de l’école - suppressions de classes, réduction des effectifs enseignants et appauvrissement de la condition enseignante - ne suffit pas à caractériser la mutation historique de l’école. Celle-ci ne joue plus seulement une fonction dans le capitalisme, comme l’ont montré les analyses critiques des années 1970, elle se plie de l’intérieur à la norme sociale du capitalisme. L’" employabilité " est le principe et l’objectif de la normalisation de l’école, de son organisation et de sa pédagogie. L’école devient peu à peu un système hiérarchisé d’entreprises productrices de " capital humain " au service de l’" économie de la connaissance". Elle cherche moins à transmettre une culture et des savoirs qui valent pour eux-mêmes qu’elle ne tente de fabriquer des individus aptes à s’incorporer dans la machine économique. Les effets inégalitaires de la concurrence, la mutilation culturelle introduite par la logique des " compétences " ou la prolétarisation croissante du monde enseignant révèlent la perte d’autonomie de l’école par rapport au nouveau capitalisme et aux luttes des classes sociales autour de l’enjeu scolaire. Dans ce livre de combat et de théorie, les auteurs renouvellent la sociologie critique de l’éducation en inscrivant les mutations de l’institution scolaire et universitaire dans celles du capitalisme contemporain. Ils entendent ainsi donner à tous ceux qui se sentent concernés par cette problématique éminemment politique les outils d’analyse pour construire une alternative convaincante et résolue.
Biographie de l’auteur
Christian Laval, Francis Vergne. Pierre Clément et Guy Dreux sont enseignants et chercheurs. Ils sont membres de l’lnslitut de recherches de la FSU où ils animent un séminaire public sur " Les politiques néolibérales et l’action syndicale ". Ils ont publié plusieurs ouvrages sur les questions d’éducation.

L’école n’est pas une entreprise : Le néo-libéralisme à l’assaut de l’enseignement public 
Christian Laval
La Découverte (août 2004)

L’école est soumise à des pressions considérables pour qu’elle se conforme aux nouveaux commandements du néo-libéralisme. La compétition économique mondiale devient l’impératif majeur auquel toute institution doit se soumettre, et le système éducatif n’y échappe pas : dans ce nouveau modèle, il est menacé de se réduire à la formation du " capital humain " nécessaire aux entreprises.
En s’appuyant sur une enquête approfondie, Christian Laval montre comment les " recommandations " des experts de l’OCDE, de la Banque mondiale, de l’OMC et de l’Union européenne ont été appliquées par les différents gouvernements français depuis vingt ans. Elles se sont traduites par une réorganisation managériale des établissements scolaires mis en concurrence entre eux pour assurer la liberté de choix des " consommateurs d’école ", par une " professionnalisation " toujours plus poussée des études, par une décentralisation qui n’a rien à voir avec la démocratie promise. Les enseignants sont sommés de participer activement à cette métamorphose de l’école publique, qui ouvre la voie à une marchandisation générale des savoirs et des apprentissages et à un renforcement des inégalités.
Mais la réalisation intégrale de l’école néo-libérale n’a rien de fatal, affirme Christian Laval. Résistances sourdes, luttes collectives, prise de conscience des dangers de cette mutation imposée par la globalisation du capitalisme : les acteurs de l’école doivent désormais affronter un débat crucial qui engage aussi le modèle de civilisation que nous voulons. --Ce texte fait référence à une édition épuisée ou non disponible de ce titre.

Une sociologie d’État : L’École et ses experts en France
Franck Poupeau
Raisons d’agir (2003)

En quoi les discours tenus sur l’Ecole contribuent-ils à faire l’Ecole ? Pourquoi les gouvernements successifs ont-ils peu à peu, depuis les années 1980, instrumentalisé les chercheurs et mis les experts à leur service ? Telles sont les questions auxquelles Franck Poupeau, enseignant-chercheur en sciences sociales, entend répondre en proposant une histoire sociale de la sociologie de l’éducation. Il s’agit alors de comprendre comment les mots peuvent devenir des choses, c’est-à-dire comment les recherches, les publications spécialisées, les enquêtes, les chiffres et autres expertises produisent l’École, et changent les pratiques de tous ceux qui s’y trouvent engagés.
Au cœur de ces analyses, on verra comment la sociologie de l’éducation est devenue une « science » au service de l’État, et en particulier des demandes ministérielles. Sous couvert d’évaluation du système d’enseignement, rendu seul responsable de l’échec scolaire, l’expertise sociologique tend à n’aborder les inégalités observées à l’École que sous l’angle des facteurs jouant au niveau des établissements. La mise en œuvre d’une sociologie de l’éducation plus autonome à l’égard des demandes de l’État serait une des conditions de possibilité d’une École plus libre, moins asservie aux conceptions managériales de l’organisation scolaire, dont la pensée d’État s’est paradoxalement fait le vecteur.

La trilogie des Charançons
La trilogie pleine d’humour de Corinne Bouchard
Agrégée, Corinne Bouchard est professeur de Lettres modernes, « de français comme on dit » en exercice depuis une vingtaine d'années dans divers lycées. Elle écrit des romans policiers avec Pierre Mezinski sous le pseudonyme de Marie et Joseph.


La vie des charançons est assez monotone

Syros jeunesse, 1992
Si vous vous demandez pourquoi, après quelques années de carrière, les professeurs de lycée développent certaines ressemblances avec les charançons, cet ouvrage devrait vous intéresser. Corinne Bouchard est enseignante depuis quinze ans... Le temps de perdre quelques illusions mais pas le sourire. Convaincue que l’on peut parler avec humour des choses importantes, elle évoque ici tout ce qui rythme la vie du lycée : rentrée scolaire, salle des profs, visite de l’inspecteur... Un tableau hilarant et implacablement vrai.

La vie des charançons deviendra poétique
Calmann-Lévy 1994
Si la « rénovation de l’enseignement secondaire » vous intrigue, si vous vous interrogez sur les concepts pédagogiques nouveaux qu’on essaie d’introduire dans les lycées, si vous vous demandez comment il faut s’y prendre pour faire, d’un professeur enthousiaste, un charançon grouillant obscurément sans se poser de questions, alors cet ouvrage devrait vous intéresser. On y voit le fantôme de Jules Ferry entreprendre une enquête pour vérifier si les principes fondateurs de l’école publique sont toujours en vigueur dans les lycées étudiant la valse des instructions officielles, le jargon des didacticiens, « l’évaluation nationale » obligatoire en seconde, le malheureux spectre ne cesse de découvrir les absurdités d’un système qui semble consacrer toute son énergie à s’organiser lui-même ; il lui faudra rencontrer un professeur pour apprendre pourquoi tout ne va pas si mal dans l’univers scolaire, et en quoi la vie des charançons deviendra poétique... Ce second essai de Corinne Bouchard allie à la virulence du pamphlet l’humour caustique qui avait fait le succès de La Vie des charançons est assez monotone.

Scènes de la vie charençonne

Calmann-Lévy 2003
« Je me l’étais pourtant bien juré. Plus jamais les questions pédagogiques. Que faire d’un sujet pareil ? Comme si, professeur, et depuis près de vingt ans exerçant ce beau métier, je ne savais pas que c’est une cause désespérée, que dans ce domaine rien ne sert à rien. Que si pertinente soit l’argumentation, si humbles les suppliques, rien n’y fera. On a affaire à un rouleau compresseur. Ça discute pas, un rouleau compresseur, ça passe. Le rouleau compresseur, c’est le courant de réformes qu’on a subies dans l’Éducation nationale une décennie durant, et dont chacun peut apprécier autour de lui le résultat : si quelqu’un trouve globalement la jeunesse mieux élevée, mieux instruite, plus citoyenne et plus honnête qu’auparavant, qu’il le fasse savoir, cette époque a besoin d’optimisme.
Précisons tout de suite un point important : je n’en ai pas après le monde, qui est ingouvernable ; je n’en ai pas après les « jeunes », ni en général ni en tant qu’élèves. J’en ai après le délire pédagogique organisé, après tout ce qui ajoute à la dureté des temps l’épouvantable fardeau de la sottise et de l’absurdité. » C.B.

Sauver les lettres : Des professeurs accusent
Sauver les lettres, le collectif
Entretien avec Philippe Petit
Éditions Textuel, 2001

Le collectif, composé de jeunes professeurs du secondaire qui se battent tous les jours sur le terrain, refuse des réformes qui font disparaître le développement d’une bonne partie des facultés de réflexion, ainsi que l’étude des lettres comme discipline à part entière. Il combat un projet plus global d’affaiblissement des exigences dans de nombreuses disciplines.
Trente ans de réformes ont fait qu’une dictée du nouveau brevet des collèges ne fait plus que 60 mots et relève d’un niveau de CM2, tandis que la dissertation du baccalauréat est à court terme menacée d’être remplacée par une rédaction.
Quant à l’école primaire (condamnée depuis des décennies à être le champ d’expérimentation des prétendues " sciences de l’éducation " qui ont contribué à la démolition de l’apprentissage de la lecture et de l’écriture) elle ne transmet plus les fondamentaux.
Il faut arrêter ce massacre programmé !
Dénonçant les sophismes et les tartuferies des discours réformateurs, véhicules d’une idéologie bien-pensante et consumériste -qui n’a fait qu’accroître dans les faits les inégalités scolaires-ces professeurs, tenants d’une école vraiment démocratique, défendent l’idée devenue révolutionnaire que le plaisir de l’élève ne consiste pas dans ces divertissements qu’on lui brade mais dans l’acquisition d’une langue, d’une culture et de vraies méthodes de réflexion.

Contre-expertise d’une trahison : La réforme du français au lycée
Agnès Joste, membre du collectif "Sauver les lettres"
Préface d’Henri Mitterand
Éditions Mille et une nuits, 2002.

Promulguée en septembre 1999, la réforme de l’enseignement du français au lycée a déjà connu quatre remaniements.
Hésitations, errements, incohérences théoriques, méthodologie douteuse, et avant tout un superbe mépris du travail de concertation avec les enseignants, auront présidé à cette manière, pour le moins surprenante de la part d’un groupe « d’experts », de procéder à l’accouchement de la réforme...
Qu’en est-il donc de ces programmes ? Une fois dépassé l’obstacle du jargon linguistico-pédagogique, on ne reconnaît plus grand-chose de la discipline - que l’on soit professeur ou parent d’élève, ayant encore en mémoire les cours du lycée. Disparue la notion d’auteur, disparue l’histoire littéraire, disparue l’analyse des œuvres pour en dégager le sens...
Agnès Joste, professeur de lettres, s’est livrée à une lecture méticuleuse et édifiante des textes du ministère; où l’on découvre que la conception de la littérature qui y est véhiculée est une conception techniciste, qui vise avant tout à inculquer aux élèves, non pas une liberté d’esprit, mais des techniques communicationnelles et consensuelles; que le dénigrement de l’étude de la littérature va de pair avec un mépris des professeurs et de leur désir de transmission des savoirs.

Les programmes scolaires au piquet
Un collectif d’enseignants en colère
Éditions Textuel. 2006.

Ce livre, pour la première fois, passe au crible les programmes scolaires officiels, c’est-à-dire les textes de référence qui, communiqués aux enseignants, recensent les méthodes et les contenus de savoir que devront maîtriser nos enfants à la fin de chaque cycle d’étude. À la façon d’un véritable guide, cet ouvrage, section par section, discipline par discipline, se livre à une exégèse rigoureuse et décapante pour nous révéler, par la comparaison avec les programmes antérieurs, combien les savoirs et savoir-faire sont revus à la baisse, rédigés en dépit du bon sens, souvent de manière contradictoire et dans un style qu’un examinateur indulgent qualifierait au minimum de filandreux. Pour quel bilan? Des élèves moins structurés, maîtrisant mal la langue, difficilement capables d’atteindre une réelle autonomie. Il y a quatre ans. Textuel publiait un essai intitulé Sauver les lettres du nom d’un collectif d’enseignants que désespéraient les nouvelles méthodes d’enseignement du français. Cette initiative a fait des émules qui se regroupent. Ce livre est le fruit de cette mobilisation salutaire.

Vos enfants ne m'intéressent plus
Maschino
 
Voulez-vous vraiment des enfants idiots?

Maschino

Deux romans où la critique de l’Édcunat’ est faite avec humour.

Festins secrets 
Pierre Jourde
L’Esprit des Péninsules (25 août 2005)
Prix Renaudot des Lycéens 2005

Par cette fin d’après-midi d’un début de siècle, tout semble en ordre à bord du direct Paris-Logres : sur une banquette de moleskine aussi orange que possible somnole un jeune professeur aussi progressiste que souhaitable, en route vers son premier poste dans « une obscure sous-préfecture d’un département de forêts et de mines désaffectées. » Parvenu à destination, Gilles Saurat se retrouve en plein « cauchemar du mammouth ». Ou comment enseigner les subtilités de la langue et de la littérature françaises à de jeunes brutes tout juste capables d’aligner une cinquantaine de borborygmes. Avec pour seule aide des circulaires de l’Education nationale rédigées dans un esprit que n’auraient pas renié Franz Kafka et le Père Ubu associés. Entre deux mauvais rêves, d’étranges dîners de têtes réunissent des notables adonnés aux ragots, à l’extrémisme politique et aux sciences occultes qui s’efforcent d’initier l’enseignant novice à des plaisirs défendus. La petite ville où Pierre Jourde a dressé son chapiteau est un condensé effrayant et dérisoire des sociétés contemporaines. Aux limites du réalisme et du fantastique, Festins secrets se livre à un décorticage de la sexualité moderne, à une satire cruelle du Léviathan éducatif et du monstre médiatique. Bienvenue à Logres. Bienvenue dans votre monde.
Né à Créteil en 1955, Pierre Jourde enseigne la littérature à Valence (université de Grenoble III). Il a notamment publié à L’Esprit des Péninsules : Pays perdu (Prix Générations du roman), La Littérature sans estomac (Prix de la Critique de l’Académie française).
La réunion de rentrée vue par Pierre Jourde :

Castans interprète son discours. C’est son grand air, son morceau de bravoure. Le même, paraît-il, à chaque rentrée, compte tenu des légères modifications apportées par la succession annuelle des réformes. Musse, quant à lui, reste imperturbable. Pas un trait de son visage ne se déplace tandis que le ténor gesticule et transpire.

«... Un nouvel AE est affecté cette année au CDI. Il s’agit de Mme Ledru. Bienvenue mademoiselle. Par ailleurs, une nouveauté doit figurer à l’ordre du jour du prochain CE : l’aménagement d’un lieu de vie pour les élèves. C’est une mesure que réclament depuis longtemps la FFPEP et l’UPE. Reste à trouver le local convenable. Vous le savez, la réforme initiée l’année dernière par le ministre a été finalisée. Elle entre cette année dans sa phase de mise en œuvre. Cela impliquera un plus grand investissement de la part de tous les acteurs de la communauté éducative. Les ACE ont travaillé jusqu’au début du mois d’août pour réfléchir aux modalités d’application de ce projet qui doit permettre un suivi supérieur et une réussite accrue des Apprenants. À court terme, l’objectif fixé par le ministre est de 90 % de réussite au TFEG. L’école ne doit pas être une machine à exclure. L’échec scolaire est pour l’essentiel le résultat de méthodes éducatives non adaptées aux possibilités et aux savoirs de l’Apprenant. À nous de savoir travailler ensemble, de créer des interfaces, de mobiliser les énergies pour finaliser ce programme. La démocratisation de l’enseignement en dépend. Compte tenu de l’ambition de la réforme, qui se substitue à la réforme Maudrut et à la réforme Langman, le Ministère a chargé les ACE d’en résumer les grandes lignes le jour de la rentrée, pour compléter les initiatives d’information qui ont été prises l’an dernier. La philosophie de la réforme peut se condenser en une formule simple : l’Apprenant au centre du Système.
La bataille de la réforme sera gagnée lorsque les GIF sauront être à l’écoute des Apprenants. Ils ont beaucoup à nous apprendre. Ils doivent devenir des acteurs à part entière de leur formation, gérer leur Parcours Éducatif, élaborer leur Projet d’Apprentissage Personnalisé. On en aura alors terminé avec l’entassement de savoirs coupés de la vie réelle. Il ne s’agit plus, pour l’enseignant, de se crisper sur des contenus. Il faut oser l’ouverture, oser la liberté... »

Au bout d’un moment, tu ne parviens plus à écouter. Tu tentes de garder un air concerné. Zablanski, lui, s’en fout ostensiblement. Autour de vous, on prend des notes. La voix de stentor résonne entre les murs fatigués, accompagnée par le pizzicato obsédant de la pluie.

« Voici les nouvelles mesures qui vont se mettre en place dès cette rentrée : Évaluation Trimestrielle du GIF par l’Apprenant. Ces ETCIFA se substituent aux EAEA (Évaluations Annuelles de l’Enseignant par l’Apprenant), instituées dans la réforme précédente. Cette fois, le Ministère requiert une effectuation des ETCIFA dès la fin du mois de novembre. Les fiches d’évaluation doivent être transmises au Rectorat début décembre. Dans le cas où un GIF connaîtrait des problèmes d’évaluation, il revient à l’ACE principal, c’est-à-dire à moi, de saisir une Commission Paritaire de Soutien et de Conseil. La CPSC se compose de représentants des Apprenants, des Parents, des GIF et des ACE. Le GIF en situation de sous-évaluation se verra proposer des stages intensifs de recyclage en ISFP au cours desquels il apprendra à mieux questionner sa pratique didactique.
L’un des points essentiels de la nouvelle réforme concerne les évaluations de l’Apprenant. Il s’agit de rompre avec les vieilles épreuves élitistes et traumatisantes. Désormais, l’évaluation reposera sur trois critères : une note trimestrielle, un dossier annuel constitué par un groupe de trois à quatre élèves sur un sujet de leur choix. Il importe d’ouvrir l’école à toutes les formes de culture, sans exclusion, à toute la richesse du monde contemporain : il peut s’agir, d’après les suggestions du ministère, d’un dossier sur le Rap, ou sur l’art du tag, ou encore d’une enquête sur les magazines pour la jeunesse. Enfin, à chaque trimestre, le GIF fera remplir un QCM à ses Apprenants. Sur cette dernière épreuve, je vous renvoie aux trois volumes du Précis d’Evaluation Pédagogique, disponible au GDI. Toute note inférieure à cinq sur vingt devra faire l’objet d’un rapport circonstancié, transmis à l’Inspection Générale et à la CPSC. Après examen, la CPSC pourra suggérer une réévaluation de la note. Enfin, toute sanction devra également faire l’objet d’un rapport, qui sera remis le jour même des faits à l’ACE principal. Je vous rappelle que dans les cas très graves, le recours à la commission de discipline a lui aussi été modifié. Désormais, et pour que l’école ne soit plus le lieu d’une justice d’exception, mais se conforme aux règles de la justice démocratique, l’Apprenant mis en examen, après enquête, sera défendu devant la commission de discipline par deux avocats : un délégué des Apprenants et l’assistante sociale du collège. Il aura toujours la possibilité de faire appel. Au terme de cet appel, il encourt un blâme. Au bout de trois blâmes, il peut, selon la gravité des faits, être placé une semaine dans la Classe d’Aide et de Soutien prévue dans chaque établissement, puis réintégré dans sa classe habituelle. En tout état de cause, le ministère souhaite que ces procédures restent exceptionnelles. Il incombe avant tout au GIF, par la négociation, la compréhension et la parole, de régler les éventuels conflits. Il est prévu de réunir chaque mois les acteurs éducatifs, parents, ACE, GIF, Apprenants, afin qu’ils interrogent leur relation à la situation éducative et qu’ils pointent les éventuels dysfonctionnements. Chacune de ces réunions fera l’objet d’un rapport.

Désormais, une grande place sera accordée, dans le Parcours de Formation, aux sorties éducatives. Cette année, les sorties éducatives suivantes sont programmées : la ferme biologique de Chambray, le champ de bataille des Écargues, la sucrerie Schutz, les locaux de L’Avenir du Logrois, le musée des traditions rurales, l’usine d’emballage de Vermondois. Chacune de ces sorties devra être préparée dans un esprit d’interdisciplinarité par les différents enseignants concernés.

Enfin, autre nouveauté non négligeable, le collège devra élaborer chaque année un Projet Éducatif d’Établissement. Les discussions ont été très enrichissantes au cours des vingt-quatre réunions des commissions consultatives. Au terme de ces réflexions, le thème retenu pour cette année, comme certains d’entre vous le savent déjà, est l’emballage. Je ne peux, personnellement, qu’approuver le choix de ce thème fédérateur. Certains collègues ont d’ores et déjà émis des suggestions d’activité et de recherche autour de remballage : surface d’emballage et géométrie, écologie de l’emballage, décoration de l’emballage en arts plastiques, les matériaux d’emballage en physique, place de l’emballage dans la civilisation américaine en langues. Nous attendons de nouvelles suggestions, notamment en EPS et en français. »

Le directeur et quelques professeurs se lancent dans un débat dont l’enjeu, à en juger par leurs mines sérieuses, compétentes, semble d’une importance extrême. Des termes tels que « projet d’établissement » ou « équipe pédagogique » reviennent à intervalles rapprochés. Tu peux toujours essayer de suivre : tu n’y comprendras rien. Ils semblent trouver de la jouissance dans l’emploi de ce langage codé. Même si tu adoptes inconsciemment, toi aussi, un air concerné, même si tu refuses de te l’avouer, déjà t’écrase un irrépressible et noir ennui.

Mammifères 
Pierre Mérot
Prix de Flore 2003
Flammarion 2003
Pierre Mérot étale ses nuits où il enfile quatre litres de bière entrecoupés de gin et de whisky. Un ivrogne « qui à sept heures du matin a déjà bu la moitié de la tristesse du monde et qui a encore soif ». Il décrit ses jobs, de façon très drôle, quand il évoque la maison d’édition Ubu où règne un potentat aussi criblé de dettes que généreux en gros mots. Il enchaîne sur son poste de prof au collège Walt-Disney (sic) d’une banlieue populaire. Il assassine les réformes pédagogiques et les psys donneurs de leçons qui se font cracher dessus par des gamins sans limites. Il y est excessif, idiot de simplisme, mais on n’exige pas d’un écorché qui a des litres d’alcool dans le sang l’objectivité d’un prof d’univ.

Il contient deux chapitres géniaux sur l’EN : l’un sur l’IUFM, l’autre sur son expérience en collège, qui m’ont fait pleurer de rire. « Il (le narrateur) fréquenta les pédagogues de l’IUFM, c’est-à-dire des ratés, des arrivistes, ou les deux à la fois. » Si vous ne l’avez pas encore lu, précipitez-vous : ce qu’il dit sur les CPE, le triangle pédagogique, la triste équipe du collège Walt-Disney... c’est hélas une vision à peine transposée de la réalité.
Description burlesque, avec schémas, d’une journée de formation pédagogique, définition des « pré-requis », « évaluations » intermédiaires et programmation des « séquences pédagogiques ». Le principal inonde les nouveaux de très beaux conseils pédagogiques. Il leur rappelle les bases du métier, lequel consiste à ne pas faire de vagues. Par exemple, si l’on se fait cracher dessus ou voler son portefeuille, délits somme toute modestes et bien compréhensibles, il est inutile de faire un rapport et de demander une sanction.
– « Que cela soit bien clair, chers collègues, conclut le principal, l’administration ne vous soutiendra pas : sachez vous faire respecter ».

Dans son dernier roman L’Irréaliste Mérot se prend un peu trop pour Céline mais il y a encore quelques bons passages notamment sur ce qu’est devenu l’enseignement du français.
« La langue écrite au lycée s’inspire du français. En vertu des libertés fondamentales garanties par la République, son usage est laissé à l’appréciation de chacun. L’accentuation et la ponctuation sont abrogées. Tous les écrivains français sont nés au XVIIIe siècle. Nul n’est tenu de rédiger plus de dix lignes en une heure. Marseille jouxte la frontière belge. Un livre ne doit pas excéder trente pages. Louis XIV a été élu au suffrage universel. L’orthographe est une entrave à la liberté d’expression. Gustave Maulière est l’auteur de Samantha Bovari. On ne saurait exiger plus d’une heure de travail par semaine. Les trois écrivains français sont, par ordre alphabétique, Voltaire, Victor Hugo et Pablo Picasso. Les énoncés présentant une apparence logique sont valorisés, sous réserve que leur nombre ne soit pas inférieur à un par copie. »
Propos sur l’Éducation
Alain.
La barbarie douce. : La modernisation aveugle des entreprises et de l'école 
Jean-Pierre Le Goff

Depuis les années 1980, la "modernisation" est partout à l'ordre du jour. Mais au nom de la nécessaire adaptation aux "mutations du monde contemporain", c'est bien souvent une véritable "barbarie douce" que cette modernisation aveugle installe au cœur des rapports sociaux.
C'est ce que montre Jean-Pierre Le Goff dans ce livre, dans deux champs particulièrement concernés par le phénomène : l'entreprise et l'école. La barbarie douce s'y développe avec les meilleures intentions du monde, l'"autonomie" et la "transparence" sont ses thèmes de prédilection. Elle déstabilise individus et collectifs, provoque stress et angoisse, tandis que les thérapies en tout genre lui servent d'infirmerie sociale. L'auteur met à nu la stupéfiante rhétorique issue des milieux de la formation, du management et de la communication. Et explique comment elle dissout les réalités dans une "pensée chewing-gum" qui dit tout et son contraire, tandis que les individus sont sommés d'être autonomes et de se mobiliser en permanence.
L'auteur montre que cette barbarie douce a partie liée avec le déploiement du libéralisme économique et avec la décomposition culturelle qui l'a rendue possible. Et il explore les pistes d'une reconstruction possible pour que la modernisation tant invoquée puisse enfin trouver un sens

L'école en Europe : Politiques néolibérales et résistances collectives 
Ken Jones

Dirigée par Jean-Pierre Terrail, la collection " L'enjeu scolaire» intervient dans le debat sur la démocratisation de l'école. Privilégiant l'apport de connaissances, elle s'intéresse à la transmission des savoirs, aux pratiques des agents scolaires, aux comportements des élèves et des familles.

Déjà disponible dans plusieurs pays européens, cet ouvrage propose pour la première fois un état des lieux de l'école en Europe. Il montre non seulement la cohérence et la profondeur des transformations des politiques scolaires actuellement en cours, mais aussi le danger qu'elles représentent.

Réunissant des chercheurs européens qui s'appuient sur des enquêtes en grande partie inédites en France. " L'École en Europe», dirigé par Ken Jones, professeur à l'université de Londres, analyse la manière dont ces transformations sont déclinées dans les différents pays de l'Union européenne -autonomie locale, étapes vers la privatisation, etc. -, et leurs effets concrets sur les dispositifs pédagogiques : accroissement des inégalités, renoncement aux savoirs... Il réfléchit également sur l'émergence progressive de stratégies de résistance et d'alternatives à ce nouvel ordre scolaire européen.

«L'École en Europe» est un outil pour celles et ceux qui veulent comprendre les transformations de l'école en France et renouer avec le projet d'une école plus juste et plus démocratique.

Internet rend-il bête ? : Réapprendre à lire et à penser dans un monde fragmenté 
Nicholas Carr

C'est bien sûr à une révolution technique et informationnelle que nous assistons avec Internet. Mais c'est surtout à une révolution dans notre cerveau ! Vous aviez l'habitude de lire tranquillement et de façon linéaire un livre sur lequel vous portiez toute votre attention. Cela pouvait durer des heures pendant lesquelles vous, lecteurs, vous immergiez dans le monde singulier d'un auteur, en y mettant toute la concentration que vous désiriez. Regardez maintenant ce qui se passe quand vous vous connectez à Internet. Vous zappez de page en page par des liens qui vous promènent ici et là, et pendant ce temps vous êtes aussi bombardés de messages, parfois d'alertes vous informant qu'un mail vient de vous arriver ou qu'une nouvelle récente vient de mettre un blog ou un site Web (sur un flux RSS) à jour. Que se passe-t-il alors dans notre esprit ? En quoi cet environnement électronique change-t-il notre état mental, voire notre comportement social ? Ne serons-nous bientôt plus capables de nous concentrer plus de quelques minutes sur un texte ? N'allons-nous pas nous contenter de picorer ici et là quelques bribes (de textes, de vidéos, de messages audio) ? Notre cerveau, incroyablement plastique, s'adapte très vite aux nouvelles technologies et à leurs nouvelles tentations... Quels sont les avantages et les inconvénients de ces changements pour notre esprit ? Nicholas Carr pose ici une question fondamentale : quel monde nouveau l'Homo sapiens vient-il de se forger et y résistera-t-il ? Dans un détour historique passionnant, il nous rappelle que l'homme s'est constamment créé de nouvelles façons de penser. D'abord en inventant l'écriture (Sumer, les hiéroglyphes égyptiens, et le passage de la culture orale à l'écrit) puis en faisant évoluer la lecture (devenue silencieuse après des siècles où elle se fit à voix haute). L'imprimerie lui a fait accomplir un saut nouveau dans l'accès à la connaissance. Et jusqu'à très récemment, la capacité à se concentrer dans la lecture, pour tout apprentissage, a été au cœur de notre mode d'éducation. Que va-t-il se passer maintenant que des professeurs d'université - même en littérature - ne parviennent plus à faire lire leurs étudiants (Guerre et Paix, A la recherche du temps perdu, c'est bien trop long). Internet va-t-il nous rendre stupides, comme le laissent entendre certaines études scientifiques ? Elles montrent en effet que notre compréhension d'un texte est meilleure quand nous pouvons le lire posément, sans être incité par des liens divers (liens hypertexte) à l'" approfondir " d'une manière ou d'une autre (par telle ou telle vidéo ou interview complémentaire, tel autre texte explicatif, etc.) ! Comment les générations futures vont-elles penser ?


Petit traité de la bêtise contemporaine : Suivi de Comment (re)devenir intelligent 
Marilia Amorim

Pour tous ceux qui sentent l'emprise grandissante du discours bête et qui cherchent à comprendre comment il fonctionne pour mieux y échapper, voici un texte philosophique qui procède d'une déambulation dans la ville, comme autrefois Socrate dans la Cité, en s'arrêtant dans certains endroits sensibles et en commentant à vif certains problèmes liés aux discours qui se profèrent et aux paroles qui s'échangent.

Le lecteur se trouve donc embarqué dans une aventure : voir ce qu'il ne voyait pas, entendre ce qu'il n'entendait pas et comprendre ce qu'il ne comprenait pas. Il se rend compte alors que, s'il y a une parole qui rend bête, il y en a aussi une autre qui rend intelligent. Celle-ci est porteuse de mémoire collective, ce qu'on désigne communément par culture. Nous sommes ainsi dans une nouvelle forme du combat entre la bêtise et la culture qu'il importe, aujourd'hui, de mener tous les jours.

Dans un style vif et incisif, Marilia Amorim ne philosophe pas «à l'allemande» avec des démonstrations purement conceptuelles, mais «à la française» avec un petit côté Neveu de Rameau... et parfois même un peu «à la brésilienne» (où, par exemple, les objets peuvent parler).

Marilia Amorim est maître de conférences à l'université de Paris 8. Elle a été professeur du département de psychologie sociale de l'université fédérale de Rio de Janeiro.

L’utilité de l’inutile
Manifeste de Nuccio Ordine
158 pages
BELLES LETTRES 2013

Il n’est pas vrai pas même en temps de crise que seul ce qui est source de profit soit utile. Il existe dans les démocraties marchandes des savoirs réputés « inutiles » qui se révèlent en réalité d une extraordinaire utilité. Dans cet ardent pamphlet, Nuccio Ordine attire notre attention sur l’utilité de l’inutile et sur l’inutilité de l’utile. À travers les réflexions de grands philosophes (Platon, Aristote, Tchouang-tseu, Pic de la Mirandole, Montaigne, Bruno, Kant, Tocqueville, Newman, Heidegger) et de grands écrivains (Ovide, Dante, Pétrarque, Boccace, L Arioste, Cervantès, Lessing, Dickens, Okatura Kakuzô, García Márquez, Ionesco, Calvino), Nuccio Ordine montre comment l’obsession de posséder et le culte de l’utilité finissent par dessécher l’esprit, en mettant en péril les écoles et les universités, l’art et la créativité, ainsi que certaines valeurs fondamentales telle que la dignitas hominis, l’amour et la vérité.
Dans son remarquable essai traduit pour la première fois en français, Abraham Flexner souligne que les sciences, elles aussi, nous enseignent l’utilité de l’inutile. Ainsi, s’il élimine la gratuité et l’inutile, s’il supprime les luxes jugés superflus, l’homo sapiens aura bien du mal à rendre l’humanité plus humaine.

Le goût des études ou comment l’acquérir  
Massimo Piattelli-Palmarini
Poche: 352 pages
Odile Jacob 2004

Vous n’aimez pas les maths ? Vous détestez la physique ? Vous vous embêtez en cours d’histoire ou de philosophie ? Étudier est pour vous une corvée ?
L’école, le lycée, l’université enseignent surtout des connaissances. Pour les acquérir et les digérer, un « déclic » que ne produit aucun manuel scolaire est nécessaire : il faut avoir le goût d’apprendre et savoir comment faire. Tel est le but de ce livre plein d’humour et d’astuce.
Des conseils très concrets qui permettront de susciter chez tous, petits et grands, l’étincelle qui permettra ensuite de réussir ses études.

Massimo Piattelli Palmarini, spécialiste de sciences cognitives, est directeur de recherche au Massachusetts Institute of Technology de Boston. Il a notamment enseigné à l’EHESS, à l’Université Harvard. Il est l’auteur de La Réforme du jugement et du Petit Traité sur Kant à l’usage de mon fils.

L'inégalité des chances 
Raymond Boudon
Poche 352 pages
Fayard/Pluriel 2011

Quels sont les effets de l'augmentation de la demande d'enseignement sur la mobilité sociale entre générations, sur les inégalités économiques ? Y a-t-il des différences entre les nations industrielles du point de vue de l'égalité des chances ? Telles sont quelques-unes des questions auxquelles répond ici Raymond Boudon. Son ouvrage est un classique de la sociologie qui suscita un vif débat au moment de sa publication, car il exprimait un certain scepticisme envers les capacités de l'institution scolaire de réduire les inégalités. De fait, vingt ans après, ces analyses se sont révélées justes, mais malgré l'avertissement salutaire de Boudon, l'illusion persistante d'une démocratisation par l'école continue de régir les politiques publiques.

Biographie de l'auteur
Raymond Boudon, professeur à la Sorbonne, a publié dans la collection Pluriel La Logique du social (2001). Il est le coauteur, avec François Bourricaud, du Dictionnaire critique de la sociologie (PUF, 2000) et l'auteur notamment de Renouveler la démocratie (Odile Jacob, 2006).

A l'école des dyslexiques : Naturaliser ou combattre l'échec scolaire ?
Sandrine Garcia
Editions La Découverte 2013

Ou des théories irréfutables mais irréalisables en pratique.

Existe-t-il une différence de nature entre un mauvais lecteur et un enfant dyslexique ? Les méthodes ont-elles une responsabilité dans les troubles des apprentissages ? Certains incriminent ainsi la « méthode globale », tandis que d'autres imputent les difficultés de ces enfants à leur milieu social.

Les pouvoirs publics ont, de leur côté, tranché en faveur d'une approche médicalisante avec la loi de 2005. Sous couvert de « reconnaître » le handicap que constituent les troubles des apprentissages, ils ont en fait éludé la question pédagogique. Pourtant, il est aujourd'hui impossible d'affirmer que les problèmes de lecture d'élèves rapidement classés comme « dyslexiques » relèvent de dysfonctionnements cognitifs. Il semble au contraire nécessaire de considérer que la dévalorisation des aspects les plus techniques de l'apprentissage par les experts de la lecture a conduit à nier les difficultés réelles de cet apprentissage. En définitive, la frontière entre les enfants souffrant d'une pathologie de la lecture et les autres relève avant tout d'une construction sociale et d'un partage des territoires d'intervention entre les professionnels de l'éducation (enseignants) et de la rééducation (orthophonistes).

S'appuyant sur une enquête menée auprès de parents d'enfants dyslexiques, ce livre montre que les difficultés d'apprentissage sont toujours rapportées aux incapacités cognitives des élèves, qui se trouvent ainsi scolairement stigmatisés. Dès lors, le recours à la catégorie de dyslexie devient, pour les parents, une ressource paradoxale, leur permettant d'échapper à la stigmatisation et au renoncement pédagogique du système scolaire.

Crise des valeurs éducatives et postmodernité
David Lucas, docteur en philosophie.
L’Harmattan, 228 pages, 2009.

Il est manifeste que l’éducation des enfants connaît une crise profonde, et que tout ce sur quoi elle reposait jusqu’alors a été remis en question au cours de ces dernières décennies. C’est l’ensemble de notre système de transmission des valeurs, du savoir,des savoir-faire et du savoir-vivre qui se trouve ébranlé jusque dans ses fondements, et comme happé par la machine du pédagogisme, les incessantes réformes mais aussi l’impuissance des adultes à assumer une autorité dont une certaine idéologie libérale-libertaire ne cesse de contester la légitimité. Au-delà du seul contexte scolaire, c’est à présent au tour de l’enfant de “jouir sans entraves”et de ne plus céder la priorité aux adultes. Ainsi les droits de l’enfant tendent-ils à éclipser les exigences de ses devoirs, que les éducateurs ne peuvent plus imposer sans en éprouver une pointe de culpabilité. Peut-on dire alors que les conditions de l’éducation sont encore réunies, à l’heure où s’est instauré un rapport d’égalité plus ou moins explicite entre l’enfant et l’adulte ?

Il faudrait d’abord se mettre d’accord à propos de ce que signifie l’éducation, et en comprendre la nature avant de se demander si elle est encore possible. Au fond, l’éducation est tout entière déterminée par les valeurs de la société à laquelle elle prépare, car on éduque toujours en vue d’une fin et dans un but sur lequel la collectivité s’est tacitement accordée.

Or le champ des valeurs contemporaines a connu un radical bouleversement autour des années 1960, et les pratiques éducatives allaient effectivement s’en trouver profondément transformées. À grands traits, il est possible de considérer que jusqu’après-guerre, éduquer consistait à conduire l’enfance au respect et à l’intégration de la norme adulte. La réussite de l’éducation se mesurait par la façon dont l’enfant avait dépassé son état naturel à la faveur de l’exemple donné par ses aînés, et les moyens employés correspondaient naturellement à cette finalité, essentiellement en termes d’autorité et de transmission.

Les années 1960 ont alors renversé l’échelle des valeurs éducatives en portant une plus grande attention aux raisons de l’enfance. Cet intérêt pour l’enfant a sa part de noblesse et de légitimité, et seuls ses excès menacent à présent la possibilité même de l’éducation. Les nouvelles valeurs éducatives ne sont effectivement plus celles de la maturité, mais consistent davantage en l’expression et l’épanouissement des penchants de l’enfance qu’en leur réformation.Aux exigences de la transmission succèdent les mouvements de la spontanéité infantile, et les adultes ne doivent plus tant montrer la voie qu’accompagner ce qui émerge spontanément du jeune âge.

Ce changement de finalité déconcerte l’éducateur dans l’exacte mesure où la spontanéité s’oppose à la transmission, et où aucun enfant n’est spontanément disposé à assumer les exigences de ce que les adultes voudraient pourtant lui transmettre. Qu’il s’agisse des règles de grammaire, de l’ordre des nombres, mais aussi de l’équilibre alimentaire ou plus largement de ce qu’Érasme appelait la civilité puérile, rien de tout cela n’est spontanément reçu par l’enfance. Ces contenus ou ces attitudes sont de prime abord contraignants et il en découle des exigences qu’il faut pouvoir imposer. Un élève véritablement “constructeur de son savoir”, comme on le dit maintenant, risque de se trouver fort dépourvu face aux règles et conventions – apparemment arbitraires – de l’orthographe. Le refus de transmettre un héritage culturel prétendument destiné à reproduire les rapports de domination sociale conduit d’ailleurs à ce qu’Alain Finkielkraut appelle « l’ingratitude » – vis-à-vis de notre passé et de notre patrimoine – ainsi qu’à une inévitable fabrique de “crétins” ou de “sauvageons”, c’est selon.

L’éducation contemporaine est donc paralysée par cette contradiction interne entre un champ de valeurs de plus en plus exagérément acquises à la spontanéité infantile et la nécessité où se trouve la société, si elle ne veut pas sombrer dans le chaos, d’imposer aux jeunes générations les exigences d’une culture sans laquelle l’individu se trouve finalement privé d’une part de civilisation. Car une enfance laissée à ses penchants naturels est exposée, nous le voyons de plus en plus, aux mœurs barbares dont témoigne par exemple le très beau film de Peter Brook, adapté du livre de William Golding, Sa Majesté des Mouches. Mais comment notre civilisation peut-elle prétendre s’assurer de ses remparts sans en imposer les exigences à ses enfants ?

"La crise de l'éducation"
Un chapitre de La crise de la culture d'Hannah Arendt
Elle y décrit ce qu'y s'est passé aux USA dans les années 20-25. Il suffit de changer la date : années 70-75, et le lieu : France au lieu de Etats-Unis, et c'est quasiment superposable. Hallucinant !

La revanche du parti noir, La lente mise à mort de l’École publique
Pierre Roy, Michel Godicheau, Michel Eliard.
Éditions Abeille et Castor, 2011.

Quand les plus belles conquêtes de l’esprit des Lumières comme l’instruction publique sont remises en cause, il appartient à tout citoyen de se demander pourquoi les principaux fondements de l’État républicain vacillent.
Pourquoi la République française a-t-elle, à un moment donné, jugé utile de salarier des maîtres pour instruire la presque totalité des enfants, se substituant ainsi aux Églises?

Demain, cette même République pourrait-elle cesser de le faire ? Les gouvernements, qui se succèdent depuis un demi-siècle, n’ont-ils pas commencé à se désengager?  Est-ce la revanche du « parti noir », ce « parti clérical » dénoncé par Victor Hugo en 1850 ?
« Voici un livre essentiel, écrit Henri Pena-Ruiz, d’une actualité vive, qui conjugue un cri d’alarme salutaire, une étude éclairante de l’histoire lointaine et récente, et une philosophie de l’émancipation décisive. »

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