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samedi 17 août 2013

Jauffret, La Maison des flots jolis, lecture suivie CM

Lisa Dexburry présente :

Jauffret, La Maison des flots jolis, lecture suivie CM.

Illustrations de Raylambert.


Dans la même collection
(même auteur, même illustrateur) :
























































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































Sauvegarde

http://www.mes-annees-50.com/edouard_jauffret.htm




 

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Édouard JAUFFRET, inoubliable auteur de romans scolaires
1900 - 1945

Préambule : Tous ceux qui comme moi dans les années 50-60 ou plus tard encore, ont eu pour livre de lecture un de ces merveilleux ouvrages écrits par Edouard Jauffret et illustrés par le grand Raylambert, ne peuvent avoir oublié le plaisir qu'ils ont eu à découvrir ces pages si poétiques : Au Pays bleu, Les belles images, Le petit Gilbert, La maison des Flots Jolis...Aujourd'hui des centaines, voire des milliers de personnes recherchent activement dans les bouquineries ou sur les sites Internet de ventes aux enchères dont plus célèbre est Ebay, un de ces livres qui a marqué leur enfance.  J'en ai fait partie au tout début alors que l'engouement était encore quasi inexistant.
Revers de la médaille, ces livres de plus en plus recherchés voient leurs prix augmenter en flèche et dans des limites parfois déraisonnables. Beaucoup de personnes peu argentées n'ont pu suivre les enchères et ont vu le livre de leurs rêves leur échapper...quelle frustration quand on pensait avoir touché au but et redécouvert le livre culte de son enfance!

Mais il y'a une excellente nouvelle car les Editions Belin viennent fin 2008, de rééditer 3 livres d'Edouard Jauffret : Au Pays bleu, Petit Gilbert et Les belles images. Voir leur site web : http://www.editions-belin.com/

Puis je dire sans fausse modestie que mes pages ont contribué à cette redécouverte des livres de Jauffret mais aussi de tous les ouvrages illustrés par Raylambert ? Pourquoi pas après tout ? Depuis la mise en ligne de la page sur le Pays bleu le 24 décembre 2002 ( la veille de Noël, ça ne s'invente pas...), et de la page Livres d'enfance, je reçois de plus en plus de mails et la question récurrente est toujours : comment se procurer tel ou tel livre de Jauffret ? Aidez-moi ! Il y'a une véritable passion pour ces livres qui ont marqué très profondément l'enfance de la plupart des écoliers qui ont appris la lecture grâce à ces magnifiques ouvrages.

Au fil du temps, il s'est créé un petit noyau de véritables fans de Jauffret et de Raylambert et chacun s'est pris au jeu: un seul but: trouver le maximum de documents, de faits, sur nos auteurs préférés. Etait-ce le cercle des Poètes disparus qui se reformait ? Tels de fins limiers, nous nous lancions à la poursuite non du temps perdu mais d'Edouard Jauffret et de Raylambert.
Ainsi sur Raylambert, il n' y avait absolument rien, pas de biographie, pas de photo : rien de rien. grâce aux recherches des uns et des autres, nous avons réussi à établir une biographie et à trouver des photos de l'artiste. Rien n'est impossible aux passionnés !

Grâce à tous ces efforts, Raylambert a droit désormais à son article dans Wikipédia, l'encyclopédie libre sur Internet : un des 10 sites les plus visités de France. Alors un grand merci à tous, ils se reconnaîtront ( n'est-ce pas : Gilles, Jean-Claude, Minou, Maurice, Denis, Jean-Luc., ..et tous les autres)  Sur Jauffret, c'était encore moins que rien mais la chance était avec nous et l'acte de naissance a pu être retrouvé et puis ...
Biographie : Pas de photo pour le moment, nous imaginerons Edouard Jauffret sous la forme de cette silhouette anonyme en attendant le jour heureux où nous en trouverons une. Nous comptons beaucoup sur son fils Gilbert pour nous en retrouver une parmi ses nombreuses archives. Nous savons d'après son fils Gilbert, qu'il mesurait environ 1,75 m et avait le front haut.
Beaucoup d'éléments-clefs de la biographie d'Edouard Jauffret nous ont été fournis par Gilbert Jauffret, questionné par nos 3 amis en mai 2007. Qu'ils soient ici chaleureusement remerciés pour leur aide précieuse.
Le voici sur la photo ci-contre, cet homme merveilleux, pétri de culture et gardien des souvenirs de son illustre papa ( cliquer pour agrandir)

Edouard Jauffret a vu le jour à la Seyne-sur-Mer dans une petite maison située route de Tamaris le jeudi 4 octobre 1900 à une heure du matin; son père est  Joseph Marius Jauffret (36 ans) né à Trans-en-Provence en 1864, exerçant la profession de menuisier et sa mère,  Elisabeth Philip (29 ans) née au Muy en  1871, femme au foyer ( elle fait aussi la lavandière d'après "Au Pays bleu"). Gilbert Jauffret dit de son grand-père Joseph qu'il était en fait un menuisier éclectique;  il s’intéressait aux études et  avait réuni par exemple toutes les publications de l’œuvre de Michelet qu’il avait reliées.
Le professeur Girault dans ses recherches sur le père d’Edouard Jauffret, avait noté qu’il était domicilié en 1902 au "quartier Lambert"; en effet, la route dite corniche de Tamaris commençait au niveau des chantiers et traversait les quartiers populaires (où s’entassaient les familles d’ouvriers des chantiers), dits "Les Mouissèques", "Saint-Lambert" et "Saint-Antoine" (  voir le plan IGN de St-Lambert en 1930) et le même endroit sur une carte IGN de 1980.  Aujourd'hui cette route de Tamaris serait l'actuelle avenue du général Carmille ( voir la page La Seyne autrefois/ la maison natale)
Si l'on se base sur son livre"Au pays bleu, le roman d'une vie d'enfant" que l'on peut qualifier de livre autobiographique, on ne parle nulle part de petit frère ou de petite sœur Edouard aurait eu un frère.
Edouard Jauffret  a connu sa femme Marie Rose Agostini (née len Corse le 30 juillet 1899 à Prunelli Di Casaconi) à la Seyne-sur-Mer  à 18 ans : Le coup de foudre, d’une manière toute simple ; ils se sont mariés très jeunes, mais la maladie d’Edouard a brisé leur vie. Leur union a été célébrée à la Seyne-sur-Mer le mardi 25 Octobre 1921.
Dans le "Petit Gilbert" Edouard Jauffret raconte la vie de son petit garçon : Gilbert, son unique enfant né à Autun ( Saône-et-Loire) en 1934 et qui vit aujourd'hui une paisible retraite dans une petite ville du Var après avoir été lui aussi enseignant.
L'épouse d'Edouard qui était également enseignante, est décédée le 21 juin 1976 à Draguignan; elle repose aux côtés de son  cher époux au cimetière de la ville. Gilbert Jauffret dit que "Sa maman était gentille, elle plaisantait dans le meilleur sens du terme, c’était une femme admirable."
La vie d'Edouard Jauffret, marquée par un terrible drame : Comme nous l'avons évoqué plus haut, Edouard fut victime d'une grave maladie : une tuberculose articulaire ( une forme rare de tuberculose qui attaque les os et les articulations et qui est très invalidante) qui se déclara très tôt dès 1934 (à seulement 34 ans); d'après son fils Gilbert, il serait tombé gravement malade à la suite d'une imprudence, en se baignant dans l'eau glacée du Golo, un tumultueux fleuve Corse ; il était en effet un sportif chevronné.
Il fut mis en congé de longue maladie en 1935 et à la suite de cela, il retourna dans le Var. 
Le "Petit Gilbert" se souvient de son arrivée à Draguignan avec ses parents le 3 Juillet 1939, Il avait alors 5 ans; il raconte: " Son père a beaucoup travaillé dans sa maison de Draguignan. Ils ont vécu au pied du « Malmont » , avenue de Montferrand , dans une jolie maison avec un beau jardin, avec comme voisine Mme Pons avec laquelle ils entretenaient d’excellentes relations.
Ses parents ont construit ensuite la villa et Gilbert rajoute :"On partait dans la colline, c’était le temps des collines, il m’est arrivé de me perdre. On était en symbiose avec cette campagne ; la vie était semi rurale, les alentours n’étaient pas lotis." et il rajoute un peu amer :" Draguignan comptait 12 000 habitants et a grandi brusquement quand on y a transféré l’école d’artillerie de Chalons-sur-Marne. Les établissements du matériel de Nîmes se sont installés quartier Bonaparte. La ville est très étirée et compte maintenant pas loin de 40 000 habitants."
La retraite forcée et la mort : Edouard Jauffret fut finalement mis en retraite d'office en 1940; il est décédé bien trop jeune à Draguignan (Var), le vendredi 19 janvier 1945 à l'âge de 44 ans. Son ami André Signoret dit ( préface de "Gerbes d'or") qu'il a lutté longuement et courageusement contre la maladie.
"Né au tout début du siècle, il est mort bien trop jeune à l'aube des années 50 sans avoir eu le temps d'achever Gerbes d'or", dit de lui André Signoret,  qui se chargea de parachever l'ouvrage (paru chez Belin vers 1948 )
Gilbert Jauffret précise que "son père n’a jamais rencontré Raylambert ni visuellement,  aucun représentant des éditions Belin; Il était dans un tel état de santé, qu’il ne le voulait pas." Les 2 hommes qui eurent une collaboration artistique si étroite ne se virent donc jamais. Les échanges se faisaient par courrier. Il y'avait sans aucun doute une très grande amitié et un belle complicité entre ces deux hommes dont talents se complétaient si bien.
La carrière d'Edouard Jauffret : Il a été reçu au concours de l’École Normale à Draguignan en 1916 et nommé Inspecteur à 30 ans. Il a été  nommé à Autun en Saône-et-Loire, le 8 juin 1934 puis il fut nommé à Corte, en Corse.
C'est à Louhans qu'il rencontra un autre inspecteur d'académie : André Signoret (1) qui devait devenir son ami; ce dernier partit exercer ensuite en  Tunisie.
Giilbert Jauffret se rappelle qu'André Signoret est venu à la villa avec sa femme où ils ont été reçus à déjeuner par sa maman , peu après le décès de son père , pour discuter des droits d'auteur de "Gerbes d’or", le dernier ouvrage d’Edouard jauffret , terminé par Signoret (1)
Edouard Jauffret s'est engagé à 18 ans dans la Marine à la fin de la première guerre mondiale (1918) et il a servi sur le Croiseur  "Duguay-Trouin" en mer Adriatique, sur le littoral Yougoslave ; il est allé à Raguse (Sicile) et à  Dubrovnik (de nos jours en Croatie). Le Duguay-Trouin était  un croiseur-école d'application (1900-1914) transformé par la suite en navire hôpital (1914-1920)
Edouard Jauffret débute son métier d'instituteur en 1919 dans le Var; entre 1919 et 1920, il exerce à Gonfaron puis à Tourtour, après quoi quitte le pays bleu et le soleil provençal pour la région parisienne, à Bezons en Seine-et-Oise (Val d'Oise de nos jours), au nord-ouest de Paris.
Cette connaissance de la banlieue parisienne transparaît bien dans son livre "La maison des Flots Jolis" dont une grande partie se passe du côté de Nanterre.
Il fit également des études supérieures de philosophie à la Sorbonne.
L'origine de la famille : Jauffret, un nom Angevin  à l’origine, qui comportait deux rameaux : Le Roi René faisait d'ailleurs de fréquents allers-retours entre Aix-en-Provence et l’Anjou, il était comte d’Anjou et de Provence. Le premier rameau était installé dans le sud-est : Vidauban, les Alpes de haute Provence; Le second rameau se trouvait vers Bordeaux : dans les Jauffret célèbres susceptibles d'être de la famille, on peut citer : Le tennisman François Jauffret et l'écrivain Régis Jauffret.
D'après le site Geneanet, le nom est porté dans le Sud-Est avec des variantes : Jouffrey, Jauffred, Jaufred, Jaufret. Formes vendéennes : Jauffrit, Jaufrit, Jaufry.
Jouffrey : nom de personne d'origine germanique, Gautfrid (gaut = du peuple goth + frid = paix), surtout porté dans le Dauphiné (également Massif Central). Variantes : Jouffray, Jouffrai, Jouffrais, Jouffraix, Jouffret, Joufret. On trouve en Franche-Comté la forme Jouffroy. Tous ces noms équivalent au patronyme et prénom plus connu Geoffroy.

Le contexte social : Edouard Jauffret est né dans une famille ouvrière modeste, son père était menuisier aux chantiers navals de la Seyne, sa mère femme au foyer, faisait aussi la lavandière pour arrondir les fins de mois.

Une belle réussite : Comment ce modeste fils d'ouvrier a-t-il pu devenir un inspecteur d'Académie? une belle ascension sociale qui s'explique sans doute bien. L'accès à un poste d'instituteur était un vrai symbole de réussite et également un moyen de s'élever socialement et de sortir du statut d'ouvrier. L'accès au statut de fonctionnaire, était l'un de ces moyens (Les maîtres d'école publique deviennent des fonctionnaires de l'État à partir de 1889)
Pur produit de l'école gratuite, laïque et républicaine héritière des lois de Jules Ferry, Edouard Jauffret a vraiment connu une belle réussite ( on dirait aujourd'hui que  l'ascenseur social avait parfaitement fonctionné); Il devait être un brillant élève, n'en doutons pas, notre Edouard : école primaire couronnée par le certificat d'études, puis le collège, le lycée et l'École Normale où il est reçu au concours à 16 ans ( voir Léonce Bourliaguet)
Il a enseigné pendant 10 ans à l'école primaire avant de passer Inspecteur d'Académie dès 1930. En 1941, il publiait "Au pays bleu" son premier livre scolaire qui allait être suivi rapidement de 5 autres dont un posthume : "Gerbes d'or".
Des souvenirs d'Edouard Jauffret à la Seyne ?  En termes littéraires, le Pays Bleu désigne le Midi et, au sens figuré, un pays imaginaire et merveilleux. Il existe un chemin du pays Bleu (voie communale n° 158): Pourquoi a-t-on baptisé ainsi ce chemin du quartier Brégaillon, à la Seyne,? On pense qu'il avait probablement pour origine le fait que l’Inspecteur d’Académie, auteur du célèbre ouvrage "Au Pays Bleu” ait autrefois habité dans son quartier, sur la colline de Brégaillon, d’où descendent actuellement 3 chemins parallèles nommés chemin du Pays Bleu, chemin du Château Vert et chemin de la Colline. Il s'agit d'un chemin nord-sud qui relie, avec une forte déclivité, la route de La Seyne à Toulon (avenue de la 1ère Armée Française) au chemin du Belvédère (classé Voie Communale N° 158 le 28 décembre 1953)
Il existe également une ancienne villa, imposante et toujours habitée, aux volets bleus, qui porte bien sur sa façade sud la dénomination "Le Pays Bleu", Soyons clair, en aucun cas, cette maison n'aurait pu être celle de son enfance, elle est bien trop cossue et ne correspond pas du tout à la description donnée dans le livre. Peut-être a-t-elle été nommée comme ça en hommage au livre de Jauffret et il en est de même pour le chemin du Pays bleu.
André Signoret :  lui-même inspecteur d'Académie, a été en poste à Louhans en Saône-et-Loire, de 1929 a 1932, c'était un ami très proche d'Edouard Jauffret. Il succédait au célèbre écrivain-instituteur Leonce Bourliaguet. Parti travailler en Tunisie, en 1950, il est alors directeur de l'Enseignement Primaire (Ce qui expliquerait que la préface de "Gerbes d'or" comporte des remerciements à des instituteurs en poste à Tunis (école normale, La Goulette et Menzel-Temine)
L'oeuvre d'Édouard Jauffret
 Au pays bleu : roman d'une vie d'enfant -roman scolaire (cours élémentaire) 1941 - éditions Eugène Belin - 1 volume (15 x 21) de 256 pages, illustré par Raylambert, couverture en couleurs. Ce livre a connu de nombreuses rééditions puisqu'il a servi au delà des années 70 dans les écoles primaires.
 Petit Gilbert : premier livre de lecture ( cours préparatoire) 1942 -  éditions Eugène Belin - 1 volume (22,5 x 18,5) de 103 pages, illustré par illustré par Raylambert, couverture en couleurs.
 Les belles images : méthode de lecture pour la classe enfantine, paru en 1948, illustré par Raylambert.
La Maison des Flots Jolis : roman scolaire pour le cours moyen paru en 1945, illustré par Raylambert.
Gerbes d'or : Choix de textes expliqués et commentés. Cours supérieur. Classe de fin d'études primaires, co-écrit avec André Signoret - Librairie classique Eugène Belin -paru vers 1948, illustré par Raylambert
Sources et remerciements : Gilbert Jauffret, Denis Guillaume, Gilles Fronteau, Jean-Claude Autran et Marius Autran (†) , Michel Tordjman, Minou Chahbazi ( internaute canadienne), , Maurice Pellissier, Joël Odiardo, (ancien instituteur à La Seyne), Jacques Girault,  Archives départementales du Var à Draguignan et mille excuses à ceux que j'aurais omis...
Site Internet de Marius et Jean-Claude Autran : http://www.site-marius-autran.com/ : Toute l'histoire de La Seyne-sur-Mer. Edouard Jauffret est sur Wikipédia, l'encyclopédie libre et gratuite que chacun peut enrichir.

© Roland Le Corff page créée le 03/03/2007006 - version du 03/01/2009


http://www.mes-annees-50.com/joseph_marius__jauffret.htm

Biographie : Tout d'abord, il convient de rectifier une grosse confusion entre le père d'Édouard Jauffret et un autre Jauffret  homonyme. C'est ainsi que l'on a cru à tort que le père de notre cher Édouard avait été un militant socialiste et un syndicaliste très actif or il n'en est rien. Voici ce que nous révèle Jean-Claude Autran :
C'est à Jacques Girault que nos devons les recherches sur les biographies de Jauffret Joseph Marius et de Jauffret Marius Baptistin. (cela représente plusieurs dizaines de feuilles recopiées aux Archives Départementales du Var entre 1970 et 1990 environ), y compris les archives de la Police qui suivait pas à pas les activités des militants socialistes dans les années 30. Outre l’état-civil détaillé et les activités professionnelles, on y trouve notamment la trace de toutes les responsabilités politiques et syndicales, la participation à chacune des réunions faisant l’objet d’une note interne de la Police locale.

Il est alors apparu qu’il y avait une confusion entre les deux Jauffret Marius dans plusieurs notes des Archives, y compris dans certaines notes de la Police : Certaines activités de Jauffret Marius Baptistin avaient été attribuées à Jauffret Joseph Marius (Né Trans en  1864, décédé à La Seyne en 1936). [Jacques Girault n'avait donc pas été le premier à risquer la confusion entre ces deux personnages puisque la Police elle-même l’avait faite dans les années 30].

La biographie initialement rédigée par Jacques Girault sur le site de Jean-Claude Autran comportait donc un mélange d’éléments appartenant au père d’Edouard Jauffret  (l’état-civil est celui de Jauffret Joseph Marius et la dernière phrase “mention ex-menuisier lors de son décès à l’hôpital”, également), tandis que tout le reste de la biographie correspond au militant socialiste Jauffret Marius Baptistin Joseph (ce qu’avait constaté Lucien Jauffret, qui était bien au courant des activités de son grand-père) .
Il apparaît aujourd’hui, ayant éliminé toutes les confusions précédentes, que seul le premier des deux Jauffret  avait des activités syndicales et politiques importantes. Le père de notre Édouard Jauffret a bien été ouvrier aux Forges et Chantiers de La Seyne et à l’Arsenal de Toulon, mais on ne lui a pas trouvé d’activité syndicale particulière. A la limite, il n’avait pas à être mentionné dans ce “Dictionnaire du Mouvement Ouvrier” ; mais nous avons décidé de lui conserver une fiche distincte pour éviter toute confusion, et aussi pour permettre de mentionner qu’il était le père du célèbre Edouard Jauffret.

Jacques Girault  et Jean-Claude Autran ont donc séparé clairement toutes les données des Archives en deux fiches distinctes, celle de Jauffret Marius Baptistin Joseph (Toulon, 1883 – La Seyne, 1962), et celle de Jauffret Joseph Marius (Trans, 1864 – La Seyne, 1936), qui sont toutes deux accessibles sur le site de Jean-Claude Autran :
Jauffret Marius Baptistin Joseph : http://perso.orange.fr/marius.autran/fiches_mouvement_ouvrier/J/jauffret_marius.html
Jauffret Joseph Marius : http://perso.orange.fr/marius.autran/fiches_mouvement_ouvrier/J/jauffret_joseph.html
Jauffret Joseph Marius : Né le 30 octobre 1864 à Trans (Var) ; fils de Jauffret André Célestin et de Christine Marie Thérèse ; mort le 5 février 1936 à La Seyne (Var). Joseph Marius Jauffret avait été chef de gare de la Compagnie des chemins de fer du Sud-France à Bargemon jusqu'en octobre 1896. Il avait ensuite travaillé aux Forges et chantiers de la Méditerranée à La Seyne comme ouvrier menuisier. En 1918, il est signalé comme ouvrier à l'Arsenal (Pyrotechnie). Il avait habité en 1900 et pendant quelques années route de Tamaris (quartier Lambert), puis place Verlaque (n° 37) où il apparaît dans les recensements de 1911, 1921, 1926 et l'année de sa mort en 1936). Lors de son décès à l'hôpital, la profession indiquée était " ex-menuisier " ce qui cadre parfaitement bien avec ce qu'en dit son fils Edouard dans "Au pays bleu" page 21 :" Comme tu es fort, papa! Tu as une bonne odeur de résine et de copeaux...Le petit Édouard attendait son père qui rentrait des chantiers navals.
Gilbert Jauffret, le fils d'Edouard dit de son grand-père Joseph "qu'il était en fait un menuisier éclectique;  il s’intéressait aux études et avait réuni par exemple toutes les publications de l’œuvre de Michelet, qu’il avait reliées.
Son fils unique Édouard Marius Antoine Jauffret (né le 4 octobre 1900 à La Seyne, décédé le 19 janvier 1945 à Draguignan) fut Inspecteur de l'Education Nationale et auteur de célèbres romans scolaires d'apprentisage de la lecture (Au Pays Bleu, Le Petit Gilbert, Les Belles Images, La Maison des Flots Jolis, Gerbes d'Or).
Sources  : Arch. Dép. Var, 3 Z 7.6. - Renseignements fournis par son petit-fils  Gilbert Jauffret.



NB : Les parties en texte bleu italique ont été rajoutées par mes soins.
Le retour des ouvriers "Enfin, des hommes en veste et en cotte bleue apparaissent. Ils avancent très vite, par petits groupes. Mon petit regard impatient va d'un groupe à l'autre. Soudain il s'arrête sur une forme bleue comme les autres, et toute petite encore, mais qui se déplace d'une manière que je reconnais parfaitement. oui, c'est lui...c'est bien lui...Lui aussi m'a vu....On dirait qu'il presse davantage le pas. Il sourit, je crie :"Papa ! " ( page 21)
Page 20 du Pays bleu : le petit Edouard saute dans les bras de son père pour l'accueillir en fin de journée, à son retour du travail.
A gauche : Le dessin de Raylambert est conforme à la description donnée dans le livre: "sa grosse moustache me pique le nez..." Raylambert a dessiné un mètre pliant dans la poche du pantalon pour rappeler le métier de menuisier exercé par le papa (Cliquer pour agrandir) Ci-dessous : les outils principaux : rabot, scie égoïne, ciseau à bois, colle à bois, marteau et les copeaux en prime.
Les outils du menuisier
Sources et remerciements : Gilles Fronteau, Jean-Claude Autran et Marius Autran (†) - Gilbert jauffret ( interview par Denis Guillaume, Gilles Fronteau et Maurice Pellissier) - Site Internet de Marius et Jean-Claude Autran : http://www.site-marius-autran.com/ : Toute l'histoire de La Seyne-sur-Mer.

© Roland Le Corff page créée le 06/03/2007 - version du 30/09/2009


La Seyne, 37 place Verlaque

Place Verlaque : Dans Le chapitre 60 "Trente ans après"  du "Pays bleu", Edouard Jauffret raconte son départ de la maison natale située route de Tamaris, dans le quartier Saint-Lambert pour aller s'installer dans un quartier de la Seyne qu'il qualifie d'éloigné. voir les pages : 248  249  250 pour les consulter.
Jauffret parle de ses huit premières années passées dans cette maisonnette ce qui permet de situer la scène vers 1908 ou au début de 1909.
Trente ans ont passé, Papa et maman ne sont plus...effectivement le retour de Jauffret sur les lieux de son enfance doit donc avoir lieu vers 1938 ou 1939; nous savons que le père d'Edouard, Joseph, est bien mort en 1936.
Nous savons de manière certaine que la famille d'Edouard s'installa au 37 place Verlaque à 1km au nord de son ancienne  maison. Comment ? Grâce au recensement de 1911 qui nous apprend qu'Edouard apparaît au foyer de ses parents au 37, place Verlaque.
Pour les années 1921, 1926 et 1936, ses parents logent toujours à la même adresse et l'on est donc quasiment certains qu'ils y sont décédés.
( source : Direction des archives départementales du Var)
La place Verlaque (il s'agit de Noël Verlaque, ancien ingénieur, puis directeur, des Forges et Chantiers de La Seyne) s'appelle aujourd'hui place Benoît Frachon mais une impasse Noël Verlaque subsiste juste à côté de cette place.
Elle a changé de nom plusieurs fois dans l'histoire. Anciennement place Saint-Lambert, place de la Corderie, place de La Lune, la dénomination place Noël Verlaque a remplacé celle de place de La Lune vers 1895, sous la municipalité de Saturnin Fabre. Qu'est devenu le N°37 ? Ce secteur a été gravement endommagé par les bombardements de 1944. Le quartier est encore de nos jours en pleine mutation. Il ne reste donc malheureusement rien de la maison occupée par la famille d'Edouard Jauffret. Le N° 37 devait se situer à faible distance de l'ancien théâtre Eden-théâtre qui a existé depuis 1891 et qui fut détruit le 29 avril 1944 sous le déluge de bombes déversées par les Alliés.
Nous avons essayé de retrouver des images de ce que pouvait être le quartier où avait habité Edouard Jauffret dans son enfance, c’est-à-dire la partie sud du port (appelée autrefois quai Regonfle, puis quai François Bernard, actuellement quai Gabriel Péri) et la place située entre le port et la porte des Chantiers (autrefois place Verlaque ou “place de la Lune”, actuellement place Benoît Frachon et rue Camille Pelletan). Voici quelques cartes postales qui illustrent ce à quoi devait ressembler le quartier au XXème siècle.
Le quai Regonfle au tout début du XXème siècle si l'on en juge d'après le bateau à voile qui est à quai et l'absence totale de véhicules automobiles dans la rue.

La photo montre les chantiers tels qu’ils ont été entre leur reconstruction vers 1950 et leur fermeture après 1989.
On voit le pont transbordeur dans le fond; il est aujourd'hui conservé au titre de monument historique.
Les véhicules présents : traction Citroën et 4 CV Renault, ne laissent pas de doutes sur l'époque, on est bien au début des années 50 qui nous sont si chères.
L'entrée principale des chantiers photographiée au début du XXème siècle voire à la fin du XIXème; elle était située place de la Lune.
Dans le fond, on aperçoit une carriole à cheval.
une vue de la “place de la Lune” qui inclut cette fois les maisons situées face aux Chantiers.
La flèche rouge désigne "peut-être" la maison du 37 place Verlaque, aujourd’hui disparue, où avait déménagé le jeune Edouard Jauffret.
Nous ne sommes absolument pas certain que c’est celle-ci, mais elle en est en tout cas très proche, sur le côté droit de la photo.
On voit bien à quoi ressemblait cette place Verlaque, en 1900, à l’heure de la sortie des ouvriers des Chantiers,; une grande animation digne d'une ruche industrieuse.
Sources et remerciements : Gilles Fronteau, Jean-Claude Autran et Marius Autran (†)
Site Internet de Marius et Jean-Claude Autran : http://www.site-marius-autran.com/ : Toute l'histoire de La Seyne-sur-Mer.
Office de tourisme : http://www.ot-la-seyne-sur-mer.fr/ - Google Earth

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La Seyne autrefois, au temps de la petite enfance d'Edouard

La Seyne en 1900 : Une ville industrieuse qui prend parfois l'allure d'une ruche bourdonnante lorsque les ouvriers en masse, se pressent pour aller au travail au petit jour ou en reviennent le soir après le coup de sirène qui clôture une longue journée de labeur. Une plongée dans le passé de la ville et nous voilà revenu au début du 20ème siècle grâce aux cartes postales de l'époque " La Belle époque pour certains" mais certainement pas pour la classe ouvrière de ces années 1900 qui trime durement et gagne encore misérablement sa vie. Mais le salut de leurs enfants viendra par l'élévation sociale; l'école laïque et républicaine donnera sa chance aux fils d'ouvriers pour leur permettre accéder entre autre, à la fonction publique : Edouard Jauffret est un remarquable exemple de cette ascension sociale qui de nos jours a tant de mal à fonctionner.
A son tour, il ressentit certainement le besoin impérieux de transmettre le savoir aux jeunes générations en créant des livres de lecture particulièrement bien étudiés et adaptés à l'âge des écoliers. Le Pays bleu est une réussite exemplaire et probalement unique puisque ce livre sorti en 1941 était encore utilisé dans certaines classes primaires jusqu'en 1978. Cette longévité est absolument exceptionnelle et elle est bien la preuve absolue de la qualité de l'ouvrage tant au niveau du texte que de l'illustration. Il a bien sûr était utilisé en Algérie, en Tunisie et en Afrique francophone au temps où ces pays étaient sous gouvernement français.
Les ouvrages cités représentent la symbiose parfaite entre 2 auteurs  qui devaient avoir beaucoup d'amitié et une profonde complicité : Edouard Jauffret et Raylambert, réunis par l'éditeur Belin juste en pleine période de guerre (1941)
Les chantiers navals au début du XXème siècle : Les chantiers navals étaient la principale activité de la ville; ils faisaient forcément partie de l'univers du petit Edouard. On l'imagine bien en promenade avec son père, allant admirer les bateaux en construction.




Sources et remerciements : Gilles Fronteau, Jean-Claude Autran et Marius Autran (†)
Site Internet de Marius et Jean-Claude Autran : http://www.site-marius-autran.com/ : Toute l'histoire de La Seyne-sur-Mer.
Office de tourisme : http://www.ot-la-seyne-sur-mer.fr/

© Roland Le Corff page créée le 11/03/2007 - version du 30/09/2009


La maison natale  : Pour essayer de reconstituer cette vie d'enfant, commençons par la maison natale où il vit le jour le jeudi 4 octobre 1900. L'acte de naissance nous dit qu'elle était située route de Tamaris.
Sur cette carte d'Etat-major au1/20 000( ancêtre de nos cartes IGN), datant de 1930, nous avons tenté de situer à peu près l'emplacement de sa maison (le point rouge) à côté du ruisseau figurant en bleu mais rien n'est sûr. ( voir en grand)

Ci-contre : le plan IGN en couleurs à l'échelle du 1/25000, datant de 1980.En face de la maison, Edouard pouvait voir cette petite colline boisée de pins et surmontée du fort Napoléon.
Ce fort est un fort carré, bastionné à cour centrale et entièrement casematé. Sa construction débuta en 1812 pour s'achever en 1821. Le Fort Caire (il ne deviendra Fort Napoléon que plus tard) ne participera jamais à des combats, excepté en 1944 lors de la libération de notre territoire. Désarmé en 1973, il est revenu à la ville de La Seyne qui a entrepris des travaux de restauration.
Ci-contre le plan actuel du quartier :
Dans le livre il nous décrit sa maison : "la nôtre est bien petite : une cuisine et deux chambres au rez-de-chaussée, un grenier au-dessus et c'est tout...Elle a une terrasse ombragée par des vignes qui donnent du raisin muscat...Il y'a un petit mur qui longe cette terrasse...Le long de notre jardin coule un ruisseau, un tout petit ruisseau, si petit que je le saute.
Il arrive du pré voisin, court contre notre haie d'aubépines puis se perd dans une affreuse bouche noire, sur le bord de la route. Par endroits, de grandes herbes le couvrent à moitié. Du côté opposé à la route, notre jardin est fermé par un grand mur. Derrière le mur, se cache une maison basse, coiffée de rouge comme la nôtre. C'est là qu'habite Louise Gasquet."        

La maison ne peut être située exactement pour le moment, elle a peut-être été détruite lors des bombardements et puis après tout, est-ce vraiment important ?
Sources et remerciements : Gilles Fronteau, Jean-Claude Autran et Marius Autran (†)
Site Internet de Marius et Jean-Claude Autran : http://www.site-marius-autran.com/ : Toute l'histoire de La Seyne-sur-Mer.
Office de tourisme : http://www.ot-la-seyne-sur-mer.fr/

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transports)  Les autobus de Toulon    L'école du Cap Brun    Livres d'enfance   Au Pays Bleu     Raylambert   Photo de classe 1959    Photo de classe 1953   Photos de classes 1962-1965   Photos de classe 1946-1952    
Roman d'une vie d'enfant, par Édouard Jauffret -Éditions Eugène Belin - 1941
    "Je songe souvent à un pays plein de lumière, à son joli ciel bleu, à ses collines parfumées de thym et de lavande. Là fleurissent les lauriers-roses et mûrit la grenade saignante. L'hiver y est doux comme un printemps. Au gai soleil de janvier, les oranges et les mandarines se dorent, tandis que les mimosas deviennent de magnifiques bouquets jaunes" ( Edouard Jauffret)
Ce pays délicieux, c'est la Provence où je suis né." ( premières lignes du chapitre 1 )
Au pays bleu -édition d'août 1954-cliquez pour agrandir !Pour info, les pages réelles du "Pays bleu" mesurent exactement : 15 cm x 20,8 cm sur l'édition que je possède.
Table des matières
Retrouvez les biographies d'Edouard Jauffret et de son illustrateur Raylambert

UNE EXCELLENTE NOUVELLE ! Les Editions BELIN viennent de rééditer 3 ouvrages d'Edouard Jauffret :


Chapitre
Titre
Page
Chapitre
Titre
Page
1
Lointains  souvenirs
12  13  14
31
Les chansons de maman
132
2
Le réveil
16   17  18
32
Quand fleurissent les mimosas
136  137   138
3
Papa !
20   21  22
33
Sauvé
140  141  142  143  
4
Notre maison
24   25  26
34
A la "grande école" !
144
5
Le petit ruisseau
28  29  30
35
Albert
148  149  150
6
Louise
32  33  34
36
Les mitaines
152
7
Grelots et...curiosité
36  37  38
37
 La leçon de l'âne
156
8
Coco
40  41  42
38
 Un bon gardien
160
9
Le mistral
44  45  46
39
 Albert, mon ami
164
10
La fugue
48  49  50
40
 Le vieux marin
168
11
Les champignons
52  53  54  55 
41
 Pauvre papa !
172
12
Au grenier
  56   57   58   59
42
 Les belles histoires
176
13
Au pays du rêve
60   61   62   63
43
 Un écolier inattendu
180
14
"Monsieur" Édouard
64   65  66  67
44
 Quand maman est malade
184
15
Dans le bois
68  69   70  71
45
 La joie qui guérit
188
16
En regardant maman laver
72   73  74  75
46
 Les beaux voyages
192
17
La mer
76  77  78  79
47
 Où est papa ?
196
18
Un grand contentement
80  81  82  83
48
 Sous le ciel de minuit
200  201  202
19
Le cadeau
84  85  86  87
49
 Le sourire de l'école
204
20
Curieux effets de la gourmandise
88   89  90  91
50
 La tirelire
208
21
Les gâteaux
92  93  94
51
 Si Louise avait été là
212
22
Ma petite école
96  97  98
52
 La maison qui roule
216
23
Il n'y a pas de voleur ici !
100
53
 Ce n'était qu'un chien
220  221  222  223
24
Une vraie charité
104
54
 Première séparation
224
25
La visite du père Noël
108
55
 Avec Lucien dans la montagne
228
26
Courageuse Louise !
112  113  114
56
 Un orage dans la montagne
232
27
Pauvre petite neige !
116
57
 Les journées de grand-père
236
28
La chèvre
120
58
 Le retour
240
29
La boîte aux photographies
124
59
 Pensées d'avenir
244
30
Une grande peur
128  129   130   131
60
 Trente ans après
248  249  250


Les ouvrages d'Édouard Jauffret (1900 -1945)
 Au pays bleu : roman d'une vie d'enfant -roman scolaire (cours élémentaire) 1941 - éditions Eugène Belin - 1 volume (15 x 21) de 256 pages, illustré par Raylambert, couverture en couleurs. Ce livre a connu de nombreuses rééditions puisqu'il a servi au delà des années 70 dans les écoles primaires.
 Petit Gilbert : premier livre de lecture ( cours préparatoire) 1942 -  éditions Eugène Belin - 1 volume (22,5 x 18,5) de 103 pages, illustré par Ray Lambert, couverture en couleurs.
 Les belles images : méthode de lecture pour la classe enfantine
La Maison des Flots Jolis : roman scolaire pour le cours moyen paru en 1949 (?)
Gerbes d'or : Choix de textes expliqués et commentés. Cours supérieur. Classe de fin d'études primaires, co-écrit avec André Signoret - Librairie classique Eugène Belin -1950

    Pour vous procurer ce livre d'occasion, je vous conseille d'aller visiter fréquemment le site de ventes aux enchères : Ebay, on le trouve très souvent à vendre. Essayez également PriceMinister

© Roland Le Corff page créée le 24/12/2002 - version du 16/04/2015


Raymond Gabriel Albert Lambert  

dit RAYLAMBERT : peintre et illustrateur 1889 -1967

Cet article est sous licence GFDL donc libre de droits de reproduction
Raylambert (ou Ray-Lambert) était un grand artiste normand hélas resté trop méconnu y compris par tous ceux qui ont tant apprécié alors qu'ils étaient sur les bancs de la petite école, ses merveilleux dessins si poétiques; cet artiste qui était également un excellent peintre, est surtout connu  pour ses innombrables illustrations de livres scolaires dont les fameux ouvrages d'Édouard Jauffret et d'Ernest Pérochon.
 RaylambertL'homme demeure tellement discret que l'on avait bien du mal à trouver la moindre biographie ou ne serait-ce  qu'une photo de lui. Fort heureusement, les internautes sont formidables .
Monsieur Maurice Pellissier m'a fait l'immense  plaisir de m'envoyer non pas une mais deux   biographies et de nombreuses anecdotes sur ce cher Raylambert, le tout accompagné   d'une rare photo du maître parue sur une publicité pour l'école de  dessin ABC dans Paris-Match en février 1955 ainsi que deux autoportraits de l'artiste. C'est un vrai scoop et un grand bonheur pour tous les admirateurs de Raylambert et ils sont, je le sais, très nombreux.
 Regardez-le bien notre grand Ray: il a vraiment une "bonne bouille"; avec son crâne dégarni, son visage tout rond, des lunettes tout aussi rondes et ce large sourire digne d'un "smiley" qui illumine sa figure; oui, on devine la vraie nature de l'homme derrière sa faconde...un homme tout en rondeurs qui respire la gentillesse et l'amour des belles choses...
Raylambeert en 1935Quelle tête notre ami Raylambert avait-il en 1935 ? Grâce à Denis Guillaume qui m'a fait parvenir ce document tiré du programme de l'école ABC, nous savons qu'il portait la moustache. Voir les 2 extraits du programme de l'école ABC avec les professeurs de l'époque: Doc 1 et doc 2 (  cliquer sur la photo de Raylambert pour l'agrandir)
 Je peux désormais vous faire partager mes quelques informations et  vous faire découvrir  une partie des oeuvres de Raylambert...et quelques dessins amusants et rares dans la page Raylambert s'amuse.   
Biographie tirée de la revue HAGA : Raymond Gabriel Albert Lambert est né le 14 janvier 1889 à Elbeuf  (Seine- Maritime).Son père, Albert Joseph Lambert était peintre-décorateur en bâtiment. Sa mère s'appelait Julie Armande née Bidaux .Sa famille s'installe à Rouen où il débute dans un atelier de vitraux.
 Plus tard, il entre au bureau de dessin industriel des Forges et Chantiers de la Méditerranée au Havre. Il s'inscrit à l'école des Beaux-Arts où un autre élève se nommait Lambert, si bien que pour éviter la confusion, il signe Raymond Lambert puis Ray-Lambert puis enfin Raylambert.
 Il décroche une médaille d'or en 1909 et s'installe à Paris au Quartier Latin. Il entre à l'école des Arts Décoratifs ( les fameux Arts-décos) Le croquis le passionne ainsi que la peinture, la publicité, la lettre d'enseigne, le décor de théâtre, la gravure sur bois, la lithographie, la décoration, l'enseignement, etc...
Il fait la guerre de 14-18 ( il a alors 25 ans) et sera décoré de la croix de guerre.       Cliquer pour agrandir les 2 autoportraits
Raylambert
 
En 1929, l'éditeur Delagrave lui demande d'illustrer "Le livre des Quatre Saisons" d'Ernest Pérochon. L'ouvrage fut couronné par l' Académie Française en 1937. "Taptap et Bilili" et en 1938,"Nicolas et Nicolette", deux romans scolaires du même Ernest Pérochon sont les deux premiers livres illustrés en couleurs. L'apparition de l'offset permettait de forts tirages à des prix raisonnables.  
Le grand Raylambert
Ci-contre: "la statue du peintre" illustrant le conte "A Paris, tout est gris" Ce conte fait partie du recueil : "Les contes des cent-un matins", d'Ernest Pérochon, paru chez Delagrave en 1930.

Qui ne reconnaîtrait ici le facétieux Raylambert qui s'est représenté en statue, le carnet et la crayon à la main, sur un piédestal, entouré de 3 charmants animaux ( un singe avec une palette et un pinceau qui donne un coup de peinture sur les oreilles d'un lapin et un chien ( presque souriant) qui regarde la scène; enfin, au pied de la statue, un badaud admiratif  avec son chapeau   melon et sa canne. ( cliquer pour agrandir) - Merci à Maurice Pellissier pour cet envoi. 

Il était en relation épistolaire avec les auteurs et en relation amicale avec certains( Jean Sauvestre, par exemple). Si l'on considère "Au Pays Bleu" d'Édouard Jauffret, l'auteur et l'illustrateur ont eu également leur part dans le succès. Gilbert Jauffret précise que "son père n’a jamais rencontré Raylambert ni visuellement,  aucun représentant des éditions Belin; Il était dans un tel état de santé, qu’il ne le voulait pas." Les 2 hommes qui eurent une collaboration artistique si étroite ne se virent donc jamais. Les échanges se faisaient par courrier. Il y'avait sans aucun doute une très grande amitié et un belle complicité entre ces deux hommes dont les talents se complétaient si bien.
Il aimait beaucoup l'enseignement et a été professeur à l'école ABC de Paris de 1926 à sa mort. Pendant la dernière guerre, il ouvrit un cours à son atelier où il accueillait des élèves quatre fois par semaine.

Il passait de longues heures au Zoo de Vincennes, au Jardin des Plantes; il collaborait à Naturalia, Bêtes et Nature, Rustica et à la maison Rossignol, de Montmorillon. Il travaillait surtout au pinceau mais aussi au crayon à mine de plomb, à la plume, au crayon Conté, à la gouache, au lavis, etc...
 Pour "Au Pays Bleu", il proposa une impression des dessins en deux couleurs, le bleu et l'orange et l'impression du texte en brun. Il préparait soigneusement la mise en page.  
Il travailla aussi pour Gedalge, Delagrave et Plon. Chez Hachette, il illustre les livres de Français de L. Dumas et chez Belin, les fameuses grammaires Berthou-Grémaux-Voegele.
En pleine occupation, l'éditeur Belin commence sa collection de romans scolaires d'Édouard Jauffret par "Au Pays Bleu" ,un livre en couleurs tout de charme et de sensibilité.
Ci-contre un magnifique portrait de l'artiste ( fourni par G. Fronteau) clic pou agrandir
Portrait de Raylambert
Pour les plus jeunes, "le Petit Gilbert" offre encore plus de désinvolture dans la composition :un même dessin s'étend d'une feuille sur l'autre et par endroits, passe discrètement sous le texte.
Des livres de Pérochon, des générations d'anciens écoliers se rappellent encore aujourd'hui les compagnons de classe sortis des pages de leurs livres : le singe Makoko, l'âne Tonkilaron dans son avion, le petit Lapon dans sa marmite ou encore le malheureux Patoche atteint par l'étrange maladie des doigts écartés...
Jusqu'à ses derniers jours, Raylambert travailla d'arrache-pied. Il était calme et posé, malicieux et incisif, détestant les mondanités et les vernissages. L'un de ses éditeurs, Belin, l'avait élu"Prince des Illustrateurs".
Sa fille Jeannine Raylambert fut un célèbre auteur de romans et collabora à la radio et à la télévision.

Raylambert décéda le 16 juillet 1967, âgé de 78 ans, dans son pavillon de banlieue situé 26 Allée Velléda à Villemomble ( 93 -Seine-St-Denis) et non en 1969 comme on peut le voir encore sur certains sites Internet (sites de marchands d'oeuvres d'art entre autres) - Cette info a été vérifiée par M. Pellissier auprès de l'Etat-civil. Sa femme se prénommait Amélia ( née Amélia Cros ) - En 1967, Raylambert était déjà veuf. Il a été inhumé au cimetière de la ville voisine du Raincy.
Portrait par Arsène Brivot, parue dans la revue mensuelle "Humour Magazine" N° 30 d'octobre 1952.
Raylambert magnifique dessinateur animalier qui s'est élevé "à la force du poignet" Jusqu'à devenir l'un des professeurs d'une de nos plus célèbres écoles de dessin et un artiste de "grande classe"
Après   vous   avoir parlé, dans notre dernier numéro, de l'esprit de Guérin,  nous avons jugé bon,  pour varier, de vous présenter aujourd'hui un dessinateur d'un genre tout à fait différent : Raylambert. Encore un jeune, penseront certains pour lesquels l'humour se limite à celui des publications  gaies qu'ils ont l'habitude de feuilleter ;Non, comme on le verra plus loin, Raylambert (Raymond Lambert) n'est plus tout à fait un jeune.

Et, si l'on examine ses dessins d'un peu près, on est bien obligé de déduire aussitôt que ce ne sont pas précisément là oeuvres de débutant..

Raylambert, plus et mieux que tant d'autres pourrait dessiner dans la presse et son nom serait à beaucoup, comme nous le disions, plus familier. Il a préféré s'adonner au livre et plus particulièrement aux ouvrages scolaires qu'il a voulu, qu'il a su rendre plus attrayants en recréant parmi ceux-ci, grâce à ses illustrations tout à la fois gaies et  savantes, une atmosphère divertissante et récréative..

Le reste de son temps, Raylambert le consacre à sa tâche de professeur (1) et à ses travaux personnels. Quelle que soit la saison, il réserve une journée  par semaine  à ses modèles du Jardin des Plantes ou du Zoo.

L'art de ce grand dessinateur s'apparente à celui, si prisé des Japonais; on retrouve dans ses silhouettes, toujours très dépouillées, les lignes souples et déliées tracées, d'un pinceau habile qui donnent à ses réalisations cette note très personnelle, ce semblant de facilité d'interprétation qui le hausse au grand art et fait de lui, dans le domaine de l'illustration et de l'humour le premier animalier de notre temps.

Ces multiples raisons motiveraient suffisamment s'il en était besoin, la présence de Raylambert au début de ce recueil.
S'il. nous en fallait une  supplémentaire; nous ajouterions que nous sommes heureux et très honorés de le présenter aux jeunes parce qu'il est, pour ces derniers, un magnifique exemple.
        
Cet artiste, en effet, ne doit rien qu'à lui-même : son talent, la maîtrise à laquelle il a su se hausser, sa réputation même ne sont que la conséquence d'un travail obstiné. Pour reprendre une formule consacrée, on peut dire de lui qu'il est "fils de ses œuvres" et tout le contraire d'un arriviste.

Aussi avons-nous plaisir à mettre en relief les hautes qualités de ce grand Maître, de cet artiste duquel l'œuvre belle, saine, probe, sincère est en quelque sorte le reflet extériorisé d'une conscience elle aussi nette et rare.                         
Ce "GRAND MONSIEUR" de l'Art est par ailleurs si simple et si modeste, si délicat, si attachant de commerce et d'amitié que nous ne pouvons nous retenir de dire que si les "Raylambert" étaient tirés à un peu plus d'exemplaires," la vie serait de beaucoup facilitée, gagnerait en agrément, en satisfactions intérieures, en "vrai plaisir de vivre."

"Merci, cher et bon Raylambert, d'être venu à nous ! 'Votre présence, nous le répétons, honore notre revue grâce à laquelle nos lecteurs, si friands d'humour et si friands d'art, vont connaître enfin un peu mieux votre signature jusqu'ici réservée aux amateurs, de classiques et de beaux livres."

(1) Raylambert compte en effet, parmi l'élite des professeurs d'une de nos plus célèbres écoles de dessin ( l'Ecole ABC)

Arsène Brivot ( Humour Magazine octobre 1952 voir sa biographie)
Sources et remerciements : Maurice Pellissier qui m'a fourni la quasi totalité des documents - Louis Cance, d'Aurillac, rédacteur de la revue HOP! qui avait  fait parvenir à M. Pellissier, la photocopie de l'article de 1982 (rédigé par Jean-Paul Tibéri pour la défunte revue HAGA) - Arsène Brivot dans la revue Humour Magazine -François Solo et son DICO-SOLO. Denis Guillaume qui m'a fait parvenir le programme de l'école ABC en 1935 voir son site : http://raylambert.monsite.orange.fr et qui a réalisé une interview de Gilbert Jauffret ( fils d'Edouard Jauffret). Gilles Fronteau pour le portrait de Raylambert (collection Metge)
Je vous recommande légalement le site suivant avec de belles illustrations de Raylambert tirées d'ouvrages scolaires : :http://jeanmi.abcd.free.fr/les%20Livres/ray_cadres.htm  et bien sûr ma page sur les oeuvres de Raylambert et Raylambert s'amuse   -GFDL = GNU Free Documentation License :  licence pour un document libre de droits voir le site officiel ( en anglais) Raylambert est sur Wikipédia, l'encyclopédie libre et gratuite que chacun peut enrichir.

   Photo de classe 1953   Photos de classes 1962-1965   Photos de classe 1946-1952    

Petit Gilbert

Mes livres d'enfance

Au Pays bleu et le Petit Gilbert   par Édouard Jauffret - Youpi le Chamois par Philippe Gaussot et Pellos
Le chaton de Gilbert
Naissance de Youpi
J'ai voulu vous faire partager dans ces 2 pages, le plaisir de découvrir ou de redécouvrir 3 livres qui ont marqué mon enfance, les 2 premiers sont des livres scolaires, le dernier est un livre pour enfants d'une exceptionnelle qualité littéraire et graphique.
Suite à la mise en ligne de ces pages, j'ai reçu de nombreux messages de sympathie et d'encouragement; certains m'ont écrit qu'ils avaient ressenti une intense émotion en redécouvrant ces livres de classe et ces images. Je ne pensais pas que ces pages produiraient autant de bonheur. Puisque c'est le cas, c'est une grande joie et une immense récompense pour moi. Continuez de m'écrire. Merci.
Et maintenant, si vous le voulez bien, partons à la découverte du passé, c'était au début des années 50...
Les livres d'Édouard Jauffret :  instituteur puis inspecteur de l'enseignement primaire, né à La Seyne-sur-Mer, dans la banlieue de Toulon, il est l'auteur de plusieurs livres de classe formant un cours complet de lecture et qui ont enchanté des générations de jeunes élèves de l'école primaire. Il avait  fait paraître en 1941 "Au pays bleu", roman d'une vie d'enfant, suivi du "Petit Gilbert" en 1942. ( voir la biographie d'Edouard Jauffret)
La maison des Flots Jolis
"La Maison des Flots Jolis ": roman scolaire pour le cours moyen : un grand merci à Gilles Fronteau qui m'a fait parvenir la photo de couverture de ce très joli livre.
Les 3 premiers livres cités plus haut, sont magnifiquement illustrés de dessins en couleurs par Raylambert ( Raymond Gabriel Albert Lambert de son vrai nom) dont vous pourrez découvrir la très rare biographie dans la page qui lui est spécialement consacrée.
Les images sont toujours délicieuses de fraîcheur et de naïveté, les couleurs légères comme des aquarelles.En bref, c'est vraiment très mignon et plus de 45 ans après avoir découvert la lecture sur deux de ces ouvrages, je suis toujours ému et admiratif devant la qualité des textes et des images et je ne suis pas le seul.  Cliquer pour agrandir
Excellente nouvelle car les Editions Belin viennent fin 2008, de rééditer 3 livres d'Edouard Jauffret : Au Pays bleu, Petit Gilbert et Les belles images. Voir leur site web : http://www.editions-belin.com/

Édouard Jauffret exerça son métier d'inspecteur notamment en Bourgogne. Né à l'aube du 20ème siècle, en 1900, il est mort bien trop jeune en 1945, victime d'une douloureuse maladie, sans avoir eu le temps d'achever "Gerbes d'or", parachevé par son ami André Signoret.
"Gerbes d'or" est illustré également par le talentueux peintre Ray-Lambert,  mais en dessins monochromes de couleur ocre rouge (sanguines). Choix de textes expliqués et commentés, commencé par Édouard Jauffret et parachevé par André Signoret, le livre a paru vers 1948 chez Belin.  Cliquer pour agrandir

Pourquoi vouloir d'un coup retrouver ces livres et en parler ? Au fil des années, je les ai toujours conservés dans un petit coin de ma mémoire jusqu'au jour où j'ai à 51 ans passés, ressenti l'impérieuse nécessité de les retrouver; bizarre! Bizarre! Pourquoi ce besoin ?? L'envie de retrouver une enfance perdue à jamais peut-être, le souvenir d'une maman adorée et récemment disparue? Peu importe finalement, puisque je me suis aperçu grâce à mes recherches sur Internet que d'autres personnes recherchaient "Au pays bleu" tout comme moi, leurs motivations étaient les mêmes, j'en étais stupéfait! Ainsi donc, ils existaient des nostalgiques qui n'avaient pu oublier les livres de leur enfance; quelle puissance, quelle magie devaient donc posséder ces ouvrages pour qu'ils puissent ainsi rester gravés à jamais dans nos mémoires. je garde une éternelle reconnaissance à Mlle Casanova qui m'a appris à lire, écrire et compter, à Mme Nicolini qui a pris le relais au CE 1 et avec qui j'ai probablement découvert la magie du "Pays Bleu".
Si aujourd'hui, je pense savoir à peu près écrire une phrase en bon français et sans trop de fautes d'orthographe, je le dois très largement au livre de ce bon M. Jauffret et bien sûr à l'immense compétence et au dévouement de ces merveilleuses maîtresses d 'école.
Ces ouvrages ont fait l'objet de très nombreuses rééditions puisque j'ai moi-même utilisé "Le Pays bleu" en 1958 et j'ai appris récemment grâce aux nombreux e-mails que je reçois depuis la mise en ligne de ces pages, qu'il servait encore en 1978 soit 37ans après la première parution : un beau record sans doute inégalé.
En même temps que le Pays Bleu, je lisais à la maison, le "Petit Gilbert" qui lui, appartenait à mon frère aîné.
"Le Petit Gilbert"Couverture du Petit Gilbert ( cliquer pour agrandir)premier livre de lecture : Ce délicieux petit livre de classe de 101 pages, est paru pour la première fois en 1942 pendant la guerre aux éditions Eugène Belin. Il était destiné à l'enseignement de la lecture et de l'orthographe. Dans la préface du "Petit Gilbert", Édouard Jauffret écrit : " De même que "Au Pays Bleu" est le roman de ma propre vie d'enfant, de même "Petit Gilbert" est comme un film, dont mon garçonnet tient le principal rôle." Le livre met en scène Gilbert, le petit garçon depuis sa naissance jusqu'à environ 5 ans, ses parents, sa grand-mère, ses petits amis: sa petite voisine Jacquie et son grand frère Gérard, le chien Boby et d'autres personnages : Mme Renaud la voisine, une vieille dame pauvre qui leur raconte des histoires de fées au coin du feu. Il y'a aussi M. Pasquier, le vieux monsieur aveugle à qui les enfants viennent tenir compagnie le jeudi.
Tout cela est très gentil, très mignon et très moral, on baigne dans un climat merveilleux qui est censé être celui d'une enfance heureuse et insouciante, chaque page est joliment illustrée de dessins à la gouache dus au grand talent de Raylambert qui réussit parfaitement à faire passer sous une forme graphique charmante et légère, toute la poésie du texte. Il y' a beaucoup d'invention et de finesse.
De nos jours, on peut, je pense, retrouver une telle qualité au niveau du texte et de l'illustration, dans les livres de Gerda Muller qui publie ses ouvrages depuis 1952 avec un grand succès.

Et aujourd'hui ? On imagine pas une seconde qu'un tel livre pourrait encore être utilisé de nos jours dans une école primaire. Les valeurs familiales, morales, ont tellement changé depuis ces années 50-60!
Ce qui se passe aujourd'hui dans les collèges et les lycées commence dans les écoles primaires : manque de respect, incivilités, insultes, menaces, violences etc... On a vu ( y compris à la maternelle) des cas d'enfants mordant d'autres enfants quand ce n'était pas la maîtresse elle-même. Vraiment les temps ont bien changé depuis l'univers idyllique décrit par notre brave inspecteur de l'école primaire.
Table des matières du Petit Gilbert ( cliquer sur les liens pour découvrir quelques pages illustrées)
Chapitre
Titre
page
chapitre
titre
page
1
Gilbert dort
2
26
En ville
52
2
Premiers sourires
4
27
Blanchet
54
3
Le premier repas
6
28
Au coin du feu
56
4
Les premiers mots
8
29
Pourquoi bouder ?
58
5
Les belles roses
10
30
Les bonnes soirées
60
6
 Deux amis
12
31
La fée Jacquie
62
7
 Les premiers pas
14
32
Le beau jardin
64
8
 Le sac de maman
16
33
Gilbert et le biscuit
66
9
 Martin
18
34
Le vieil aveugle
68
10
 Gilbert sait ranger les choses
20
35
Les nuages
70
11
 Maman !
22
36
 Sur la colline
72
12
 Gilbert a bon coeur
24
37
Al'étang
74
13
 Jacquie lave son linge
26
38
Avec grand-mère
76
14
 Gérard
28
39
L'avion
78
15
Les yeux de maman
30
40
L'oiseau sauvé
80
16
 Gilbert et la radio
32
41
Le jeu du médecin
82
17
 Gérard écrit au père Noël
34
42
La maison morte
84
18
 Ce que Gilbert trouve dans la commode
36
43
Comment grand-mère se fait obéir
86
19
 Trois bons petits enfants
38
44
Le gentil mariage
88
20
 Joyeux réveil
40
45
Le sauvage
90
21
 En regardant les étoiles
42
46
En pénitence
92
22
 Les baisers qui guérissent
44
47
Une bonne surprise
94
23
Les jolies boucles
46
48
L'école
96
24
 Les oranges
48
49
Le départ
98
25
 Le renard à deux pattes
50
50
Les beaux jours reviendront
100

Au Pays Bleu : Roman d'une vie d'enfant : 1941, Librairie classique Eugène Belin , niveau cours élémentaire, volume 16 x 22,5 de 256 pages illustré en couleurs par Raylambert dans des tons où dominent le bleu lavande et l'orangé. Le livre débute par une très belle préface de L. Vigan, Directeur d'Académie de la Haute-Savoie. En quelques lignes de présentation, on saisit immédiatement le contenu poétique de ce livre,ses couleurs, ses senteurs qui respirent la Provence : "le Pays Bleu" c'est le récit à peine romancé de l'enfance d' Édouard Jauffret, enfant de La Seyne-sur-mer.  A la fin du livre, trente ans plus tard il revient avec nostalgie et émotion sur les lieux de son enfance.
Extrait de la préface : "...le roman d'une enfance de chez nous, simple et prenant, tour à tour souriant et doucement ému, sans outrances comme sans mièvrerie, un roman vrai..."
Peu importe au fond qu'ils aient vécu ( en parlant des jeunes lecteurs) près ou loin du pays de Provence que l'auteur évoque avec amour, du pays enchanté où les collines se parfument de thym et de lavande, où tout au bord, la mer, d'un bleu profond, cerne les roches fauves, où dans la douceur des nuits, le peuple brillant des étoiles veille sur le sommeil calme des villages et des cités. A défaut peut-être de l'horizon natal, ce qu'ils aimeront dans ce livre, c'est toute la fraîche saveur de leur propre vie, simple et mesurée, toute la pureté transparente de leurs premières émotions."  L.Vigan
Retrouvez sur la page spécialement consacrée au Pays bleu, la table des matières.
Au Pays bleu - 10ème édition de 1954

Couverture de You-pi le chamois You-pi le chamois : ce livre écrit par Philippe Gaussot et magnifiquement illustré par Pellos n'était pas un livre de classe. Il a paru en 1946 chez la librairie Landru à Chamonix. ( voir la biographie de Pellos) René Pellos,  c'était le dessinateur talentueux des Pieds Nickelés et celui qui caricaturait admirablement les coureurs cyclistes ( les Anquetil, Bobet, Darrigade, Copi, Poulidor, Bahamontès, Eddy Merckx...) , ils les représentaient notamment à l'assaut des montagnes, celles-ci tout comme dans You-pi, ont des visages et des expressions presques humaines, elles sourient joyeusement , grimacent, froncent les sourcils d'étonnement ou de colère. Magnifique illustration ci-dessous où l'on peut voir l'infâme Battan, le méchant de l'histoire, le cruel braconnier qui ne pense qu'à tuer les chamois qui vivent si paisiblement au flanc de la Montagne Blanche.
Battan, le cruel braconnier 
L'histoire de Youpi le chamois présente une très forte ressemblance avec celle du Bambi de Walt Disney, le petit faon dont la mère sera tuée par un chasseur. Le premier chapitre raconte sa naissance au coeur des Alpes, sa mère s'appelle Kali. Les montagnes, ravies, lui sourient.
Naissance de Youpi
 Elle constate que son chevreau a une petite tache blanche sur le front qui prendra rapidement la forme d'une étoile. Le petit You-pi connaîtra de nombreuses aventures et devra affronter les dangers de la nature, la cruauté de certains humains et la gentillesse d'autres 
2ème page de couverture 
Voir la 2ème page de couverture : cliquer
- Voir la 3ème page : cliquer pour agrandir
3ème page de garde
-Dès le 2ème chapitre, il est attaqué et blessé par un immense aigle royal nommé Rekka. -Au 3ème chapitre, You-pi rejoint la harde.
-Au 4ème chapitre,  le chasseur, Battan le braconnier du village, fait son apparition, la harde dirigée par la Grande Chèvre noire s'en tire de justesse. -Au 5ème chapitre, nous faisons connaissance du "gentil" de l'histoire car il en faut toujours un, n'est-ce-pas ? C'est une jeune montagnard de 16 ans nommé Bamban, il est berger, les chamois ne le craignent pas, il a gagné leur amitié en soignant l'un d'entre-eux pris dans un collet posé par Battan.
-Au 6ème chapitre, la lutte commence entre Bamban et Battan.-Au 7ème chapitre, Battan se venge d'une manière cruelle en tuant Kali, la mère de You-pi. Admirez au passage le superbe effet de neige dans la nuit, Pellos a su rendre magnifiquement la clarté bleutée, la luminosité de la neige sur les sapins givrés et l'effet dramatique de la traînée de sang. Quel talent !! Au 8ème chapitre, Bamban délivre Youpi des griffes de Battan.
-Au 8ème chapitre, La grande chèvre noire, chef de la harde, adopte You-pi le jeune chamois orphelin.
-9ème chapitre: l'hiver dans la forêt. 10ème chapitre: le retour du printemps ( l'avalanche)-11ème chapitre: la mort de la grande chèvre noire - 12ème chapitre: la visite au berger 3 années se sont déjà écoulées.-13ème chapitre: Le chalet-piège
-14ème chapitre: La vengeance du chamois -15ème chapitre: le retour de la harde, fin de l'histoire. Là aussi, magnifique effet de nuit. Cliquez sur les liens pour découvrir les superbes illustrations de Pellos.
Hoppy la Marmotte
 Ouvrages de Philippe Gaussot Hoppy la marmotte  44 pp  in quarto,  éditeur : Librairie Jean Landru à Chamonix ( Haute-Savoie) 1946, couverture illustrée en couleurs. Aventures et mésaventures d'une sympathique marmotte, qui bien évidemment va se trouver nez à nez avec Battan le braconnier. Toutes les pages sont illustrées par Pellos.
You-pi le Chamois : Librairie Jean Landru à Chamonix ( Haute-Savoie) 1946, couverture illustrée en couleurs. Aventures et mésaventures d'un jeune chamois nommé You-pi qui va connaître l'amitié avec Bamban le berger, et le danger avec Battan, le cruel braconnier.
Toutes les pages sont magnifiquement illustrées par Pellos. Imprimé par les Grands établissements de l'Imprimerie générale , 9 rue de Paris à Grenoble ( Isère)
Autre livre paru chez Landru à la même époque : Tschirb le chouca
Pellos : René Pellos 1900-1998 , Le père adoptif de Filochard, Ribouldingue et Croquignol, les Pieds Nickelés (extrait d'un article du Monde daté du samedi 11 Avril 1998)
Né René Pellarin,à Lyon, le 22 janvier 1900, Pellos a vécu en Suisse, où il crée ses propres journaux,à périodicité et à titres variables - Le Tas de blagues, Mille Gueules ou Piouit. A seize ans, il participe à un journal local satirique genevois, le Gugusse, ce qui lui vaut les foudres des consuls Allemand et Autrichien en Suisse. La Grande Guerre terminée, il étudie les Beaux-Arts à Genève, mais, avant de se lancer dans la BD et l'illustration, il se consacre à sa première passion, le sport.
Il s'installe à Paris en 1930 où il allie ses deux passions, sport et dessin et entame une carrière de dessinateur de presse, en boxe et surtout en cyclisme
  • Match l'intransigeant de 1931 à 1939,
  • Cahiers de la France sportive en 1941,
  • Sport digest de 1949 à 1952,
  • Miroir-Sprint de 1949 à 1971,
  • Sport-Mondial de 1956 à 1967.
Ses caricatures sur le Tour de France lui valent une notoriété certaine, notamment pour ses "montagnes qui rient". (cf : Pellos, dessinateur sportif ; JP Tiberi, éd. Michel Fontaine). Pellos est envoyé au Tour de France à l'instar d'un Antoine Blondin, mais avec des crayons, il y croquera pendant des années les vedettes comme les oubliés du peloton, pour des titre comme Miroir du Cyclisme, Miroir Sprint ou Sport Mondial. Il apprend à vénérer Antonin Magne, Fausto Coppi, Bahamontès ou Anquetil et, sutout, Eddy Merckx, et peaufine son image de "roi des dessinateurs sportifs". Un recueil de ses dessins de presse témoigne de son coup de crayon et de la fluidité de son dessin en noir et blanc (les Héros du Tour, Ed. Quinquette, 1974).
Le dessinateur René Pellos est mort, mercredi 8 avril à Cannes,à l'âge de 98 ans. A Angoulême, il était surnommé "le roi René". Autant pour ses dons de dessinateur que parce qu'il se vantait d'une paresse qui le rapprochait, disait-il, des rois fainéants. Roi, il l'était à triple titre. D'abord pour ses milliers de coups de crayon et la centaine d'ouvrages dessinés, mais aussi parce que le festival international de la BD de la capitale des Charentes l'avait intronisé deux fois. En 1976, il est couronné par le Grand Prix d'Angoulême. Ce qui le fait entrer dans la légende de la BD : il est en effet le premier dessinateur français à se voir décerner la plus haute distinction de la BD, après le belge André Franquin (Spirou) et l'américain Will Eisner. En 1980, il reçoit la médaille d'or de la ville d'Angoulême et accepte sportivement de dessiner l'affiche du festival,à la place de son ami Marijac, qui avait obtenu le Grand Prix. Cette affiche résume à elle seule la vie de Pellos : on y voit les Pieds Nickelés plonger, tirer au fusil et courir. Car le "père adoptif" de Ribouldingue, Filochard et Croquignol ( l'autre fut Pierre Colin, dit Roland de Montaubert, auteur des scénarios ) fut d'abord un sportif, et non des moindres.
Mais René Pellos n'oublie pas la BD. Avant la deuxième guerre mondiale, il se lance dans des genres différents, aidé par sa puissance de travail. En 1937, il publie Futuropolis, une bande dessinée d'aventure et de science-fiction qui sera publiée dans le magazine Junior, et dont le titre s'inspire de film Métropolis, de Fritz Lang. Après sa participation à la Résistance, René Pellos retourne au dessin sportif, réalise quelques BD - des récits de jungle comme Durga Rani et de science-fiction comme Atomas. Son oeuvre la plus connue reste "Les pieds Nickelés", série créée par Louis Forton en 1907 ans les colonnes de l'Épatant., qu'il reprend de 1948 à 1981. De ce trio de filous (Ribouldingue, Croquignol et Filochard), escrocs peu regardants sur les moyens de s'enrichir, tout en se retrouvant fauchés à la fin de chaque épisode (la morale est sauve), il ne composa pas moins de cent albums.
Pub pour Perrier - Les Pieds Nickelés à l'arrivée du Tour de France  Sur les scénarios de son acolyte Roland de Montaubert, il réalise pour des journaux comme Junior, Le Journal des Pieds Nickelés, Trio, une centaine d'aventures de ces trois voyous sympatiques. En 1981, Pellos arrête les aventures des Pieds Nickelés, dont les albums sont édités par la Société Parisienne d'Édition et réédités par les éditions Vent d'Ouest.
Celui qui a traversé le siècle en se jouant de tous les genres d'illustrations et en franchissant les murailles entre générations, s'était toutefois retiré à Mougins, près de Cannes. Ces dernières années, on pouvait y croiser sa haute silhouette couronnée de rares cheveux blancs et l'entendre se moquer, avec un sourire aux fond de ses yeux bleu acier, des "vieilles rombières" qui l'entouraient.  
© Roland Le Corff page créée le 22/02/2002 - version du 03/01/2009

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